Le long métrage Now You See Me, réalisé par le Français Louis Leterrier, prend l'affiche dans les cinémas ce vendredi. Le film, qui met en vedette Jesse Eisenberg, Dave Franco, Woody Harrelson et Isla Fisher, raconte l'histoire de quatre magiciens qui, à partir de Las Vegas, dévalisent une banque de Paris. Pourchassés par le FBI, ils se rendent à la Nouvelle-Orléans et à New York afin de réaliser un grand coup. Mélanie Laurent, Mark Ruffalo, Michael Caine et Morgan Freeman font aussi partie de la distribution.
Nous avons rencontré Jesse Eisenberg, qui incarne Daniel Atlas, hier à Toronto, dans le cadre d'une journée de promotion.
Comment choisissez-vous vos projets et pourquoi celui-ci? « Je choisis de jouer des personnages que j'ai le pouvoir d'emmener plus loin que ce qui est écrit. Ça les rend plus intéressants pour moi; souvent les personnages s'expliquent d'eux-mêmes dans le scénario, et ils m'intéressent moins. Mais ce personnage est le magicien le plus confiant du monde, il a cette arrogance qui est si amusante à jouer. J'ai aussi aimé l'histoire, avec tous ces revirements, j'étais excité et étonné. Souvent, les scénarios de ce genre sont trop simples et ennuyants, mais cette fois c'était véritablement unique et intéressant. Et j'avais aussi l'occasion de jouer avec des acteurs de grand talent. »
« Dans un film où l'intrigue est si complexe, où la caméra est si mobile et stylisée, parfois les acteurs passent au second plan. Mais avec une distribution comme celle-ci, il faut absolument prendre le travail des acteurs au sérieux, et le réalisateur Louis Leterrier est un grand fan des acteurs. »
L'arrogance et la confiance du personnage doivent être amusantes à jouer. « Oui, c'est très amusant que de jouer un personnage qui est persuadé qu'il excelle dans quelque chose, parce que vous jouez d'une manière qui pourrait être inconfortable dans la vraie vie. Quand je suis sur scène au théâtre, je ne me permettrais pas de croire que tout sera parfait. Mais ce personnage, dans ce film, se sent mieux sur scène que dans la vie. Il se sent naturellement à l'aise lorsqu'il est en spectacle. »
Quelles informations recherchez-vous auprès du réalisateur? « J'aime que le réalisateur s'intéresse à ce que fait l'acteur. On pense que ça va de soi, mais en fait, ce n'est pas toujours le cas. J'aime un réalisateur qui, d'une scène à l'autre, examine ce que l'acteur fait. Je ne m'attendais pas à ça de Louis, parce qu'il a réalisé tant de gros films d'action, mais il aime vraiment les acteurs. J'ai travaillé avec des réalisateurs qui s'intéressaient moins au jeu, et c'est frustrant parce qu'on a l'impression de jouer dans un trou noir. Un acteur est en position vulnérable, il met ses émotions et sa personnalité sur la table, et que quelqu'un ramène ce que vous faites vers l'histoire est très rassurant. »
Comment perceviez-vous la magie avant de jouer dans ce film? « J'ai toujours été plutôt frustré par la magie, parce que j'aime savoir comme les choses sont faites. Parce que j'ai eu la chance de jouer un magicien, j'ai pu apprendre de véritables tours avec de vrais magiciens. Mais ce que j'ai vraiment appris, c'est que de savoir comment faire le tour est pratiquement inutile, ce qui importe vraiment c'est l'exécution. On peut apprendre comment faire un tour en cinq secondes, mais il faut dix ans pour le maîtriser. »
Cela ressemble au travail de l'acteur; on peut connaître le texte par coeur, mais ce n'est pas suffisant... « Tout à fait. À l'école de théâtre, on lit tous les livres, mais rien n'est aussi instructif que de jouer tous les jours. Sur scène, on fait le même spectacle huit fois par semaine, et après quelque temps, on ressent qu'on est devenu meilleur. Pas seulement avec ce personnage précis, dans cette pièce, mais aussi avec l'art de jouer en général. »
Beaucoup des « illusions » du film sont en fait créées par ordinateur; en particulier dans une scène d'interrogatoire. « Dans cette scène où je suis menotté, mon personnage manipule un jeu de cartes. Il m'aurait fallu des années pour maîtriser la technique, donc on a superposé les mains d'un spécialiste par-dessus les miennes. Plus tard dans la scène, je fais passer les menottes de mes mains aux mains de Mark Ruffalo; c'est un tour qu'il est possible de faire, on m'a montré comment, mais je ne pouvais pas le faire, donc on l'a aussi fait par ordinateur. »
Est-ce que l'intégration d'effets spéciaux affecte votre jeu? « Oui, c'est une expérience très étrange. Par exemple, je savais que du nombril à la tête, ce serait moi, et qu'au niveau de la taille, ce serait les mains de quelqu'un d'autre. C'est étrange parce que vous devez quand même avoir l'air d'un expert. Sur votre visage, il faut ressentir que vous êtes le meilleur à ce que vous faites, donc vous faites une substitution, vous faites quelque chose dans quoi vous excellez, du yo-yo par exemple. Vous avez donc l'air de quelqu'un qui excelle dans ce qu'il fait. »
Dans le film, les personnages poursuivent un but social. « C'était intéressant que les personnages, qui sont des voleurs, aient des motivations éthiques. Cependant, quand j'ai commencé à connaître mon personnage, j'ai réalisé qu'il était surtout un puriste de la magie, il ne s'inquiète pas vraiment des implications éthiques de ce qu'il fait : il veut seulement présenter des illusions jamais vues auparavant. »
« J'ai l'impression que si vous pouvez défendre votre personnage - ce qui est la principale responsabilité d'un acteur - le public va ressentir un lien avec lui. Également, quand vous jouez un personnage qui est très intelligent, vous pouvez être méchant et vous en tirer, si le personnage est incisif, excellent dans ce qu'il fait et brillant. »
Now You See Me, qui est distribué par Les Films Séville, prend l'affiche ce vendredi à travers le Québec.