La comédie française Paulette, parue le 16 janvier dernier dans l'hexagone, prend l'affiche ce vendredi au Québec. Le film, qui met en vedette Bernadette Lafont dans le rôle-titre, raconte l'histoire d'une vieille dame vivant dans un HLM de la banlieue parisienne qui, alors qu'elle a besoin d'argent, décide de s'improviser dealer de cannabis.
Le film, qui a récolté plus de 900 000 entrées en France depuis sa sortie, met aussi en vedette Carmen Maura, Dominique Lavanant et Françoise Bertin.
Le film est réalisé par Jérôme Enrico, qui a aussi réalisé en 2000 L'origine du monde, et en 1996, L'échappée belle. Nous l'avons rencontré plus tôt cette année à Paris.
D'où vient l'idée du scénario de Paulette? « Le scénario vient d'un fait divers. Je donne des cours dans une école de cinéma, et j'ai monté des ateliers d'écriture dans un cours de scénario, et une de mes étudiantes m'a emmené un jour ce fait divers que j'ai trouvé formidable. On a développé, avec trois étudiants dont elle, ce scénario pendant un an et demi. »
« C'était une discussion ouverte avec des gens qui ont vingt ans de moins que moi, un échange qui à mon avis transparaît dans le film, qui est sensible dans le film à travers les personnages. Le film est né comme ça. »
Est-ce que la pratique rejoint la théorie en écriture scénaristique? « J'ai toujours enseigné une manière assez pratique, en dehors des bases de la dramaturgie. On a un problème en France, c'est qu'on vient - pour le meilleur, mais souvent pour le pire - du cinéma d'auteur. On a cette tradition-là, et du coup il n'y a pas de méthode pour écrire une histoire. Je crois beaucoup à la vertu des histoires simples. »
Les histoires simples misent souvent sur des personnages centraux forts. « On avait le personnage de Paulette, qu'on s'est imaginé petit à petit : raciste, xénophobe, politiquement incorrecte, et petit à petit sont nés tous les autres petits personnages qui la font bouger, évoluer, etc. Je pense que j'ai essayé, tant à l'écriture qu'au moment du casting, de soigner ces personnages, de faire en sorte qu'ils existent. »
Aviez-vous déjà Bernadette Lafont en tête? « Bien sûr, Bernadette j'y pensais, mais pas en écrivant, seulement ensuite quand on a commencé le casting j'ai rencontré Bernadette qui adorait le projet, qui voulait absolument le faire. Elle savait qu'elle avait le truc pour faire le film, pour jouer le personnage. »
« C'est une expérimentation grandeur nature. Quand Bernadette s'empare du personnage, tout d'un coup, on comprend qu'elle peut faire ça, ne peut pas faire ça. C'est le contact avec la réalité, d'où émerge le personnage. »
Dans le contexte d'un film qui veut être amusant, est-ce qu'on peut aussi s'amuser en le faisant? « Le seul qui peut un peu rigoler, c'est moi, parce que je suis le premier spectateur. C'est un film qu'on tournait l'hiver, il faisait froid, on était dans un studio avec de la poussière partout, ce n'était pas super confortable. Le cinéma, c'est l'art de l'instant, contrairement au théâtre où on travaille pour présenter le truc dans deux mois et le jouer x temps. Là, c'est maintenant et tout de suite que ça se passe, et on sait tous que si on loupe une demi-journée ou une journée de tournage, on plante une séquence entière du film. Si on n'est pas concentré, c'est foutu. »
« Moi je crois qu'une comédie, c'est une affaire de rythme. Il faut pouvoir comprendre tout, avoir les éléments pour rigoler, et que le truc soit toujours un métro d'avance. »
Paulette est distribué par AZ Films.