Le drame québécois L'ange gardien prend l'affiche ce vendredi dans les salles. Le long métrage dépeint l'histoire d'un gardien de sécurité et ancien policier qui travaille dans un immeuble la nuit et qui est témoin d'un vol pendant l'une de ses rondes. Il tente d'intercepter les criminels. Il arrive à attraper la jeune femme et les deux tombent dans les escaliers. Il est victime d'un malaise et c'est la voleuse qui lui tend ses médicaments et le sauve. La nuit suivante, elle se présente à la porte et lui demande de l'aide. Les deux étrangers développeront une amitié inattendue.
Guy Nadon, Marilyn Castonguay et Patrick Hivon incarnent les trois personnages principaux. Véronique LeFlaguais, Frédéric Pierre et la jeune Shanti Corbeil-Gauvreau figurent aussi au générique du film, réalisé et écrit par Jean-Sébastien Lord.
Lord a réalisé son premier long métrage en 1999, une comédie titrée Le petit ciel. « J'ai écrit beaucoup beaucoup pendant ces quatorze années. J'ai travaillé sur plusieurs projets qui n'ont jamais obtenu de financement. Il y en a certains que j'ai abandonnés, et d'autres que j'essaie encore de développer. Je ne sais pas pourquoi ce projet-ci a fonctionné, pourquoi les institutions l'ont choisi. C'est mystérieux parfois le cinéma. Des fois les astres s'alignent. Les gens ont apprécié à la lecture du scénario et ont accepté de lui donner une chance. »
D'où vous vient cette idée de gardien de sécurité? « Il y a une vingtaine d'années, j'avais fait un court métrage à l'université pour lequel j'avais passé toute une nuit avec un gardien de sécurité, à le regarder travailler. Je l'avais filmé et cet homme m'avait beaucoup touché. Cette rencontre-là m'habitait encore il y quatre ou cinq ans quand j'ai commencé à développer le scénario. Et là je me suis dit : et si il y avait quelqu'un qui venait cogner à la porte? Et à partir de ce moment-là, j'ai commencé à avoir une histoire. Qui est cette personne? Qu'est-ce qu'elle vient faire là? Et petit à petit, ç'a commencé à prendre forme. »
« Je m'inspire beaucoup de petits éléments de ma vie personnelle pour construire un personnage. Par exemple, le fait que Normand court d'un endroit à l'autre pour aller voir la reprise du but des Canadiens à la télé, ça vient de mon grand-père qui était cardiaque et qui ne pouvait pas regarder un match en direct à la télé parce que ça le stressait trop. »
Pourquoi avoir décidé que cette histoire-là se déroulerait l'hiver? « Personnellement, j'ai travaillé souvent sur des plateaux comme assistant à la réalisation et je m'étais juré que lorsque ce serait le temps pour moi de faire mon film, jamais je ne m'imposerais le supplice de travailler la nuit, l'hiver, dehors. J'avais écrit ce film-là pour qu'il se déroule au printemps pendant les séries de la Coupe Stanley sauf qu'il est arrivé un moment où il fallait prendre une décision; tout le monde était libre au mois de janvier-février. Le producteur m'a demandé d'adapter mon histoire pour qu'elle se déroule l'hiver. Je ne voulais rien savoir au départ, mais j'ai fini par accepter de la transposer l'hiver et, au final, je suis bien content. Ça rend plus cohérent qu'il laisse entrer le personnage de Nathalie. L'extérieur devient beaucoup plus hostile. Et la neige a la caméra, c'est magnifique, ça donne une esthétique particulière au film. Comme quoi parfois les contraintes nous obligent à être plus créatifs et le résultat s'en trouve bonifié. »
Pour l'acteur Guy Nadon, le tournage a aussi été éprouvant. « Il y a vraiment eu toute sorte de blessures, dit-il. Quand nous avons tourné la scène où mon personnage va rejoindre Nathalie à l'extérieur du bar, je devais courir sur le trottoir glacé et j'ai glissé et me suis foulé une cheville. Il a fallu arrêter un moment de tourner parce que j'avais trop mal. Il y a aussi la scène où j'attrape Nathalie dans les escaliers. Nous n'avons pas fait la cascade, mais la séquence après, au sol, il fallait être très précis pour ne pas que notre tête percute la porte fermée. »
« Ç'a vraiment été un tournage physique pour tout le monde. Je me souviens d'avoir vu Jean-Sébastien avec les joues rouges, brûlées par le froid, parce qu'il faisait jusqu'à -35°C, certaines nuits. Patrick Hivon a souffert du froid lui aussi. Il devait souvent jouer les mains nues. »
Quelle a été votre approche de ce personnage-là? « Il fallait que je me laisse envahir par cette espèce de mélancolie là qui l'habitait. C'est jamais simple, jouer. Les gens pensent que c'est facile, mais il y a un proverbe en anglais qui dit : Business as usual, mais moi je parle de mon métier en disant : Unusual business as usual. C'est tout le temps inhabituel. Je ne sais pas comment je fais. Après 40 ans de métier, je peux avouer que je ne le sais toujours pas comment on fait vraiment, pour jouer. »
L'ange gardien est distribué par K-Films Amérique.