Dans le cadre de la sortie de BlackBerry, nous avons eu la chance de discuter avec la tête d'affiche du film, Jay Baruchel, de technologie et du legs de l'appareil mobile qui a révolutionné notre façon de communiquer... avant de disparaître complètement du marché.
« C'est le triste monde dans lequel nous vivons où nous avons tous décidé d'utiliser un appareil inférieur. Ce n'est pas la première fois, la même chose s'était produite avec les formats Beta et VHS », déclare d'emblée l'acteur canadien lorsque nous lui demandons son impression sur le fait que l'entrevue soit enregistrée avec un iPhone.
De bien des façons, BlackBerry s'impose comme une mise en garde, une importante leçon à retenir sur ce genre d'ascensions fulgurantes qui, bien souvent, se terminent par une chute tout aussi brutale.
« Dans le monde de l'innovation et de la technologie, on ne peut jamais assumer que le travail est totalement terminé, on ne peut jamais s'asseoir sur ses lauriers, car il y a toujours quelqu'un qui se rapproche lorsqu'on regarde dans le rétroviseur. Des personnes habituées d'être en avance sur leur temps finissent souvent par se retrouver à la traîne sans qu'elles ne s'en soient rendu compte. C'est un thème récurrent dans l'histoire des corporations, des compagnies qui innovent au départ, mais qui ne réussissent pas à se réinventer », explique l'interprète du fondateur de Research in Motion, Mike Lazaridis.
Le comédien avait d'ailleurs plusieurs bonnes raisons de prendre part au projet, en commençant par l'opportunité de travailler avec son bon ami, le réalisateur Matt Johnson, et de raconter l'histoire d'un appareil qu'il utilisait encore personnellement jusqu'en 2021.
« C'est un récit épique avec tout ce que cela comporte. C'est stressant, frustrant et triste à la fois, mais c'est aussi très drôle, de la manière la plus canadienne possible », souligne-t-il.
« Nous relatons les accomplissements d'individus responsables de la création du monde dans lequel nous évoluons aujourd'hui. Et la plupart des gens ne connaissent même pas leur nom, voire ignorent qu'ils ont existé. Le BlackBerry semble avoir été totalement effacé de la mémoire collective. »
Plusieurs films consacrés à la technologie ont vu le jour au cours des dernières années, dont The Social Network de David Fincher et les deux longs métrages dédiés à Steve Jobs. Pour Jay Baruchel, ces oeuvres sont l'équivalent de films de guerre.
« Les films de guerre réalisés après un conflit en disent souvent plus que ceux produits alors que celui-ci fait toujours rage. C'est important, car nous sommes au coeur d'une seconde révolution industrielle depuis une vingtaine d'années. Les grandes innovations se produisent de plus en plus rapidement, et grossissent comme une balle de neige dévalant une pente. [...] La technologie évolue désormais beaucoup plus rapidement que la société. Il est primordial de prendre une pause et de réfléchir sur les décisions qui ont été prises, et qui nous ont menés où nous sommes aujourd'hui. »
« Je suis terrifié, et nous devrions tous l'être », confie-t-il lorsque questionné sur l'évolution à vitesse grand V de l'intelligence artificielle qui, en l'espace de quelques mois seulement, a quitté le domaine de la science-fiction pour devenir quelque chose d'extrêmement concret.
Et quelle est la caractéristique la plus canadienne du BlackBerry, selon Jay Baruchel?
« C'était un excellent produit, mais tout le monde l'a oublié. C'est le dysfonctionnement du Canada anglais, c'est notre fardeau », conclut-il.
BlackBerry prend l'affiche partout au Québec ce vendredi 12 mai.