Guillermo Del Toro, scénariste et producteur du film Don't Be Afraid of the Dark, est présentement à Toronto pour le tournage de son prochain film, Pacific Rim, qui doit prendre l'affiche en juillet 2013, et il en a profité pour rencontrer certains médias canadiens alors que le film prendra l'affiche partout en Amérique du Nord ce vendredi.
Le film met en vedette Guy Pearce, Katie Holmes et Bailee Madison et est réalisé par Troy Nixey.
Lorsqu'un film auquel votre nom est attaché prend l'affiche, il y a un « sceau de qualité » qui y est associé, même si ne l'avez pas réalisé. « Je ne m'implique que dans des projets que j'aime vraiment. Je les envisage en tant que membre du public, pas en tant que réalisateur ou producteur. Même quand on crée un jouet, ou un DVD ou un Blu-Ray, je me demande toujours ce que je voudrais avoir si je payais 20 $ pour l'acheter. »
Le fan prend le dessus sur le scénariste et producteur. « Exactement. Parfois les scénaristes de films d'horreur envisagent le public de façon « méta- », ou veulent faire des hommages à Carpenter ou à Cronenberg pour que le public sache qu'ils sont « hip », mais non, il faut écrire comme si le public était composé de centaines de vous-même. Écrire sur ce qui vous fait peur. »
« Mais je ne crois pas être une marque, je crois que les gens qui connaissent mes goûts savent, ou non, s'ils vont aimer. Ils reconnaissent ce qu'ils aiment par rapport à mes projets. »
« Quand je produis un film, je veux donner, au minimum, un film qui a l'air sublime, avec des monstres, de beaux décors et un bon son, une belle direction photo et de bons effets spéciaux. Quand c'est possible, j'essaie de rajouter de la « beauté », une beauté classique, à l'horreur. Une sorte de mélancolie, de poésie... une certaine magie. »
Le premier téléfilm Don't Be Afraid of the Dark a été produit en 1973; la manière de raconter une histoire a-t-elle beaucoup changé depuis, avec l'émergence des technologies? « Oui, mais ce qui faisait de ce film un bon film, nous avons essayé de le garder pour le remake. C'est l'atmosphère, bien sûr. C'est vrai que les effets spéciaux se sont beaucoup améliorés depuis, mais l'essentiel est la narration : ils sont coincés dans la maison, et ils ne peuvent pas sortir parce que le mari ne veut pas partir. Aussi, les créatures dans le film sont effrayantes, mais aussi très intelligentes, comme dans le premier film. Elles sont méchantes et intelligentes, elles usent de stratégie pour obtenir ce qu'elles veulent. »
« Nous avons essayé de leur donner une personnalité. J'ai même fait la voix d'une des créatures. Je ne dirais pas qu'on les trouve « mignons », mais on les trouve intrigants, et intéressants. Ils piquent la curiosité. On veut mieux les voir. Je dis toujours que lorsqu'on dessine une créature, il ne faut pas créer un monstre, mais un personnage. »
Ils demeurent mystérieux très longtemps dans le film. « Avant de les montrer, on s'assure de deux choses : que vous savez ce qu'ils font et que vous savez qu'ils sont intelligents et qu'ils manipulent la fillette. »
Lorsque vous ne réalisez pas vous-mêmes, vous devez placer votre confiance en un réalisateur, dans ce cas-ci Troy Nixey. Comment l'avez-vous choisi? « J'ai choisi Troy à cause d'un court métrage, Latchkey's Lament, qui est disponible sur YouTube et que tu devrais vraiment regarder, il a fait un excellent travail sur ce film, et je trouvais qu'il ferait un excellent réalisateur pour Don't Be Afraid of the Dark. Je crois qu'il a bien compris l'histoire et les personnages. J'essaie de produire les premiers films de réalisateurs et c'était une bonne occasion. »
Vous avez cependant des conseils à fournir une fois le tournage débuté. « J'étais très présent sur le plateau. C'est un film compliqué, et tout le monde supportait Troy. Lorsqu'il s'agit d'un premier film, on essaie d'entourer le réalisateur de gens expérimentés. »
Cherchez-vous des caractéristiques particulières pour vos acteurs? « Nous avons choisi Guy Pearce parce qu'il est un acteur facile à aimer dans un rôle difficile. Nous voulions qu'il humanise le personnage. Dans le cas de Katie Holmes, nous voulions son instantanéité; c'est une actrice très émotive, à qui on peut facilement s'identifier. Pour Bailee Madison, qui joue la petite fille, c'est un miracle de l'avoir trouvée. J'ai été trop chanceux trop de fois d'avoir trouvé des enfants acteurs aussi bons, dans The Devil's Backbone ou dans Cronos. C'est toujours un miracle, on auditionne 150 mauvais acteurs, puis on en trouve un qui est parfait. Bailee était recommandée par Natalie Portman. »
Est-ce différent de diriger un enfant? « Pas pour moi. J'essaie de l'envisager comme un autre acteur... enfin, je mens un peu, j'ai quelques trucs... mais peu. » Faut-il faire du tournage un jeu? « Non, ça ne marche jamais. Je fais plutôt des exercices de respiration; sans le savoir, ils font de l'hyperventilation ou de l'hypoventilation, ils sont étourdis ou agités ou effrayés. »
Vous êtes-vous étonné de certaines réactions du public lors des premiers visionnements? « J'espère que les gens comprendront que le film est classé R - Restricted aux États-Unis parce que la MPAA croit que le film est effrayant, pas parce qu'il est particulièrement violent, ou gore, ou qu'il fait dans le torture porn. C'est un film classique de maison hantée, qui fait des choses inhabituelles tout en fonctionnant comme un film d'horreur. Très rarement on voit des films avec des personnages féminins aussi forts, des créatures aussi détestées et une enfant aussi difficile à aimer. Au début du film, elle aime les créatures, elle leur parle, leur amène de la nourriture, comme ferait un enfant. »
« Ce qui est étonnant, c'est que - ne dévoile pas la surprise - à la fin, quand le personnage de ***** ****** est ****** **** ** ****, le public est vraiment sous le choc. Quand nous avons montré le film à L.A., certains spectateurs étaient vraiment fâchés. Mais nous n'avons pas changé la fin. »