Après avoir pris l'affiche en janvier dernier en France, le film Poupoupidou, du réalisateur Gérald Hustache-Mathieu, est présenté à Montréal et à Québec à compter d'aujourd'hui. Le film met en vedette Jean-Paul Rouve dans le rôle d'un écrivain de polars, David Rousseau, qui mène sa propre enquête sur la mort de Candice Lecoeur (Sophie Quinton), une vedette locale du département de Jura, dans le nord-est de la France, qui se serait suicidée. Mais les preuves amassées par l'auteur laissent croire que la starlette, qui vit plusieurs similitudes avec la vie de Marilyn Monroe, n'aurait pas mis fin à ses jours.
Sophie Quinton était la vedette de votre premier long métrage, Avril, et vous la retrouvez pour ce second. « Je trouve que c'est très beau, quand on a tellement confiance en le talent de quelqu'un, d'aller lui proposer des choses qui vont à l'encontre de son talent. Je trouve que Sophie c'est quelqu'un de rare et d'unique, et je la regarde comme je regarderais Marilyn, par mon regard elle devient aussi rare qu'elle. Elle est éblouissante. »
L'acteur en sait-il davantage que vous sur son personnage? « Évidemment! Je pars du principe que c'est comme ça. Quand j'ai choisi l'acteur, je lui fais confiance. Un peu comme si je vais voir un cordonnier pour réparer mes chaussures, je ne reste pas à côté de lui pour lui dire quoi faire; je le laisse faire, c'est le cordonnier. Un acteur, c'est pareil : si on lui confie un rôle, c'est son boulot. L'acteur incarne le personnage de l'intérieur. »
« Quand ils me proposent un truc, un geste, une manière de faire, je me dis toujours qu'ils ont raison. Un acteur peut apporter beaucoup au film, les acteurs m'empêchent parfois de tomber dans le cliché; si je les dirigeais, je leur ferais faire juste ce qu'il ne faut justement pas faire, et eux ils ont l'intelligence de décaler, d'être sérieux quand il faudrait rire, etc. »
Il y a au centre de Poupoupidou un amour de l'Amérique qui affecte grandement les personnages, autant dans leur vie que dans leurs décisions. « J'ai toujours été touché par la mythologie américaine. La mythologie des super-héros, et après, le cinéma, je reste fasciné par le côté épique, le côté lyrique du cinéma américain. Les personnages qui sont hauts en couleur - je trouve qu'il y a une espèce d'intégrité artistique évidente dans le cinéma américain. C'est peut-être le syndrome de l'étranger aussi... en Amérique, une station-service sera cinématographique, le motel sera cinématographique... » Alors que c'est exactement l'inverse pour nous!
Une fois que le scénario est terminé et qu'on débute le tournage, que reste-t-il à découvrir sur le film? « Tout! C'est fascinant. Je me pose souvent cette question. Comment j'arrive à être autant inconscient de ce que je fais? Quand je pars au début d'un film, je n'ai aucune espèce d'idée vers quoi il va m'emmener. Je pense même que je tiens à mon insouciance, parce que si j'avais été conscient, jamais j'aurais osé faire du cinéma. »
« Au départ, je ne me rendais pas compte, l'Amérique c'est une idée qui est arrivée par la suite. Inconsciemment, dans le choix même de vouloir faire un polar - c'était un peu par rapport à mes autres films, qui sont des histoires plus lumineuses, un peu solaires. J'avais envie d'aller vers quelque chose de plus sombre, plus froid, l'hiver. Et puis, Mouthe, la ville la plus froide de France, dans le Jura. Mais quand je choisis cette ville, c'est déjà par volonté d'aller chercher l'Amérique. Je ne me suis pas dit : « je vais faire un film qui va flirter avec la mythologie américaine », mais j'y suis allé en sachant que les paysages me plaisaient parce qu'ils me rappelaient l'Amérique. »
« Quand je choisis Marilyn Monroe, il y a aussi cette idée d'Amérique, mais je ne calcule pas ça. Au fur et à mesure que je fabriquais le film, en fabriquant les décors, en prenant le scope, avec le chef-op qui est très très au fait de l'image américaine, lui aussi est venu me donner quelques codes qui donnent ce cachet au film. Quand le film a été fini, je me suis rendu compte qu'un des sujets du film, c'est ma passion du cinéma. Je ne me rendais pas compte même à quel point j'aimais le cinéma. »
« Dans le film, on sent mon rêve d'Amérique, on sent mon rêve de faire un cinéma que j'aime. Cette fille qui se rêve en Marilyn, cet homme qui se rêve en James Ellroy, ils ont un travail à faire pour rester eux-mêmes, pour rester David Rousseau et Candice Lecoeur, et même moi, Gérald Hustache-Mathieu qui fait des films en France, avec des paysages français, je dois essayer de faire quelque chose qui soit authentique. »
Poupoupidou est distribué par Axia Films.