La comédie Le colis prend l'affiche dans les cinémas québécois dès demain. Gaël D'Ynglemare, à qui l'on doit les courts métrages Pas de deux sur chanson triste, Capacité 11 personnes ainsi que No Vacancy, signe son premier long métrage avec son conjoint, le comédien et humoriste Jean-Marie Corbeil, qui s'est principalement chargé de la rédaction des dialogues. Le film met en vedette Emmanuel Bilodeau, Gildor Roy, Evelyne de la Chenelière et Sylvie Léonard.
Le film raconte l'histoire de Michel, un petit courrier criblé de dettes à qui la vie ne sourit pas beaucoup et de Jacques, un joueur compulsif, gestionnaire et propriétaire immobilier à qui la vie souriait pourtant beaucoup. Deux êtres étrangement réunis à la croisée des mauvais chemins.
« Michel est vraiment attachant, c'est un idéaliste, un romantique, un être foncièrement sympathique qui aime vraiment sa blonde et sa fille et qui fait son gros possible dans tout ce qu'il entreprend, mais qui n'est pas vraiment talentueux pour composer avec les aléas du quotidien. Il a de belles qualités, il vit dans l'instant présent, mais il n'est pas capable d'envisager l'après ou de prendre en compte ses expériences passées », explique le comédien Emmanuel Bilodeau à qui on a offert le rôle sans lui demander d'auditionner d'une quelconque façon. « C'est rare dans mon métier qu'on nous offre d'aussi beaux projets sur un plateau d'argent. Je suis vraiment privilégié. En plus, le film était tourné en partie à Québec, que je considère comme ma ville, j'ai été élevé là-bas alors j'ai eu la chance d'être près de ma famille pendant un été. »
On peut vous voir sur différentes plates-formes (théâtre, télévision, cinéma). Y a-t-il un médium que vous préférez? « Je n'ai pas de préférence, mais j'apprécie le cinéma parce que c'est un art dans lequel on prend le temps de faire les choses, il y a un souci dans l'image, dans la préparation, dans la post-production. On a toujours l'air plus beau et meilleur au grand écran. Et il y a une vie après le cinéma. Comme par exemple Curling, le film que je viens de faire avec ma fille, on n’arrête pas de faire le tour des festivals. Je m'en vais bientôt à New York pour le festival New Directors/New Films, qui est un très gros événement américain. Il y a aussi un glamour associé au monde du cinéma; il y a des entrevues, des évènements spéciaux qui entourent la production qui sont juste du plaisir parce que le travail est déjà fini depuis longtemps. Si je pouvais gagner 10 millions $ par film, choisir toute mon équipe, mes projets, je ne ferais que ça du cinéma, mais les réalités de la vie sont différentes. »
Aviez-vous déjà travaillé avec Gaël D'Ynglemare par le passé? « J'ai tourné un court métrage avec elle il y a une dizaine d'années. Elle a une sensibilité que j'aime beaucoup, elle est très rationnelle, mais elle aime bien s'amuser et rire, indique Bilodeau qui a récemment remporté le prix du meilleur acteur au Festival du Film de Locarno. Le but d'une première oeuvre c'est de servir le texte pour permettre à la réalisatrice d'éprouver ce qu'elle a dans la tête, pour voir si ça fonctionne. »
Cette dernière a aussi rédigé le scénario. « Le concept de départ vient d'un numéro d'humour de mon conjoint Jean-Marie Corbeil qui enlevait un gars et restait pris avec dans son appartement parce que la personne qui lui avait passé la commande était en prison. Je trouvais cette situation là très drôle et très riche, mais ce n'était qu'un sketch de cinq minutes. Cette idée-là a donc été la base d'un projet que je voulais : une oeuvre sur les hommes et leur rapport à la réussite. Qu'est-ce qu'un loser? Sur leur sentiment de pourvoyeur dans la famille, alors je suis partie de là pour créer Le colis. L'histoire est venue un peu d'elle-même aussi en écrivant. »
Vous exploitez tout de même des sujets sérieux malgré l'aspect humoristique du film. « La comédie est un bon moyen pour percer le coeur des gens et faire passer notre message. On rigole vraiment de bon coeur dans ce film qui renferme tout de même certains moments tendres, touchants. Moi, le défi que j'ai essayé de me lancer, c'est qu'on puisse rire et verser une petite larme, être touché. Il n'y a rien de foncièrement dramatique dans cette oeuvre. Les sujets abordés sont quand même lourds, mais c'est traité toujours avec humour et légèreté. »
La réalisatrice a travaillé sur trois courts métrages par le passé, mais Le colis est sa première expérience dans l'univers du long métrage. « Un court métrage c'est comme un sprint, c'est comme courir un 100 mètres, ça va très vite, tandis qu'un long c'est davantage comme un marathon, c'est plus long. C'est trippant parce que tu as le temps de réfléchir, mais c'est très important de garder le cap, de ne pas perdre ton focus et de ne pas se laisser gagner par la fatigue qui nous pèse. »
Son conjoint et collègue, Jean-Marie Corbeil, a quant à lui rédigé les dialogues en plus d'incarner l'un des personnages secondaires du film. « Shotgun, c'est un mafieux gothique un peu caricatural. Au début on pensait qu'il pourrait être un motard, mais c'était un peu trop cliché, alors on a établi que ce serait simplement quelqu'un d'inquiétant. Évidemment, Gildor pourrait le casser en deux s'il voulait, mais la crainte ne vient pas de sa force physique mais bien de sa déviance. »
« Le film n'a vraiment pas la volonté de changer le monde, c'est une réflexion sur le rapport à l'argent et au succès. Deux hommes qui ont tout pour être heureux, mais ils voudraient plus. L'argent est dans les deux cas une embûche à leur bonheur. »
Le colis prend l'affiche 1er avril dans sept salles à travers le Québec.