Avec 7 336 297 d'entrées en France, La famille Bélier a été un succès indéniable de la dernière année chez nos cousins français. La comédie dramatique arrive au Québec ce vendredi et espère toucher le coeur des Québécois avec ses thématiques universelles et son humour cabotin. Le réalisateur Eric Lartigau était de passage à Montréal et à Québec la semaine dernière afin de rencontrer les journalistes et de parler de ce projet coup de coeur.
« J'écrivais un film sur la famille, et j'étais un peu devant une page blanche, quand j'ai croisé deux producteurs que je connaissais qui m'ont proposé le projet, justement sur la famille, qu'ils développaient à ce moment. Ils m'ont fait lire cette ébauche et j'ai complètement craqué pour cette histoire, qui est inspirée de l'assistante du père de l'auteure de la première version du scénario qui était comme Paula dans le film; la seule entendante dans une famille de sourd. La scénariste avait alors mélangé à ça les chansons. Moi, j'ai repris le scénario, que je me suis approprié et que j'ai travaillé pendant huit mois. Un coscénariste m'a rejoint ensuite », nous explique le cinéaste.
Comme la plupart des personnages principaux sont sourds et s'expriment en langage des signes, les acteurs qui les interprètent ont dû travailler pendant six mois à raison de quatre heures par jour pour être prêts pour le tournage. « C'était un boulot énorme. Le visage doit être en accord avec le signe, la position du corps compte aussi, elle donne des informations primordiales quant à l'orientation du discours. Même pour le rythme, c'est très particulier. La façon de filmer est très différente puisque je dois, par exemple, toujours avoir les signes dans le cadre, donc je ne peux pas faire de gros plans sur les visages des acteurs. Il y a plein de choses comme ça qu'il fallait prendre en compte. »
« C'était très important pour moi d'être irréprochable par rapport à la communauté sourde. On ne pouvait pas être approximatif. On doit respecter une langue qu'on apprend. Sur le plateau, il y avait un contrôle permanent grâce à un prof qui était toujours avec un interprète. Je les avais mis dans une pièce avec un moniteur et ils contrôlaient toutes les prises. Ils réagissaient s'il y avait des choses qui, à leurs yeux, ne fonctionnaient pas. Chaque fois que quelque chose clochait, je reprenais la scène en entier, même si ce n'était qu'un tout petit bout qui ne fonctionnait pas. Question, encore une fois, d'être irréprochable. »
Eric Lartigau dit avoir toujours des visages en tête lorsqu'il écrit un scénario, et Karin, François et Eric Elmosnino étaient des choix évidents pour lui. « Par bonheur, ils ont accepté de jouer dans le film. Pour le personnage de Paula le processus a été plus conventionnel. J'ai d'abord cherché une actrice qui savait chanter, puis, quand j'ai vu que je ne trouvais pas la bonne candidate, j'ai fait le processus inverse. Quelqu'un m'a conseillé d'écouter The Voice. Sans trop y croire, j'ai regardé et j'ai vu la première apparition de Louane, aux auditions à l'aveugle; j'ai littéralement craqué pour elle. »
Le film s'appuie beaucoup sur le répertoire du chanteur français Michel Sardou, et principalement sur sa chanson « Je vole ». « Tout est parti de cette chanson qui retrace le parcours de Paula dans le film. On a cherché d'autres options au cas où Sardou n'accepterait pas le scénario, mais il n'y avait aucune chanson qui était aussi proche de notre histoire que celle-là. Une fois qu'il a validé les textes, il nous a laissés complètement libres de choisir ce que je voulais. »
Le long métrage prend l'affiche au Québec ce vendredi 8 mai dans plus de salles.