Inoubliable Serge de la série culte Dans une galaxie près de chez vous, Réal Bossé a participé à quelques-uns des films québécois les plus emblématiques du 21e siècle, que ce soit La grande séduction, Gaz Bar Blues et Continental, un film sans fusil qui lui a permis de mettre la main sur le Prix Jutra du meilleur acteur de soutien.
Dans Jour de merde de Kevin T. Landry, il incarne Gaétan, un ermite qui vient de remporter le gros lot et qui voit mal qu'une mère monoparentale (Ève Ringuette) cherche à lui soutirer une entrevue. Un personnage haut en couleur qui marquera à coup sûr les esprits.
Cinoche.com s'est entretenu avec le comédien dans une croissanterie montréalaise...
Vous aimez encourager les jeunes réalisateurs qui sont à leur premier long métrage. On n'a qu'à penser à Stéphane Lafleur (Continental, un film sans fusil), David Uloth (Dérive), Patrice Laliberté (Jusqu'au déclin) et maintenant Kevin T. Landry, que l'on associe au collectif Kino.
L'intérêt de mon métier, c'est de rencontrer du nouveau monde. C'est tellement tripant! Ça m'amène ailleurs, ça me sort de ma zone de confort. C'est amusant de se retrouver dans d'autres bottes. Et je me donne avec plaisir. Se laisser aller à des gens qu'on ne connaît pas, c'est le fun.
Vous campez un individu mystérieux qui possède peu d'équivalents dans le cinéma québécois. Un être ambigu, naïf et inquiétant à la fois, qui porte un des chandails les plus laids de notre cinéma national...
(rires) Le personnage a une super candeur. Il ne se dévoile pas beaucoup, mais il y a des moments où il est gentil et attachant. Sauf qu'à un moment donné, il a besoin de mordre quelqu'un et après, il va être correct. C'est comme un vampire.
Votre personnage fait partie d'une famille très spéciale, aux côtés de ses deux soeurs qui sont campées par les délirantes Valérie Blais et Isabelle Giroux...
C'est un beau film d'humour noir. On s'est inspiré des frères Coen. On est un peu dans Fargo, dans une espèce de maladie étrange qui prend forme. Il y a de la place pour beaucoup de folie. Après, il faut garder le réel le plus possible et c'est le fun à jouer. Le jour où ça sera plate... Heureusement, ça ne m'est jamais arrivé encore. J'ai toujours eu de beaux projets.
Il s'agit d'une oeuvre particulière, qui combine comédie absurde, drame familial et suspense. Plus le récit avance et plus il se transforme en conte. Cela fait du bien de voir notre cinéma explorer autre chose.
Ça prend une variété de cinémas. Pour moi, au Québec, les références sont Mon oncle Antoine, La maudite galette, L'eau chaude, l'eau frette. Puis un jour, on s'est mis à faire des films d'auteur. Mais des grands boutes, le film d'auteur, c'est plate. Des fois, tu es en pleine sociologie et pas au cinéma. Je préfère que tu racontes une histoire que d'avoir un cours de sociologie. Le cinéma de genre, on l'a perdu un moment donné. Là, on y revient... On n'a pas souvent présenté le Québec frette, dans la neige, qui n'est pas le fun. Il y a de quoi d'exceptionnel là-dedans. Ça nous ressemble beaucoup.
Pour vous, à quoi pourrait ressembler un jour de merde?
Le cadran qui ne sonne pas. Être en retard, c'est insupportable. C'est effrayant. Il y en a qui sont capables de gérer ça en disant « ils attendront ». Pour moi, c'est impossible. Je veux être à l'heure, avant même l'heure pour être sûr que j'ai du temps pour prendre un café et relaxer. Mais tu finis par trouver ta solution à ton problème. Tu mets deux alarmes! Je pense que tout le monde vit ça. Et quand tu es heureux, je pense que c'est plus facile à gérer.