Réputé pour les deux premiers épisodes d'OSS 117 et The Artist qui s'est mérité les Oscars du meilleur film et du meilleur réalisateur, Michel Hazanavicius est de retour avec Coupez!, un remake complètement cinglé d'un long métrage japonais sur un cinéaste (Romain Duris) qui tente de tourner une série Z avec des zombies.
Cinoche a rencontré le metteur en scène français lors de son plus récent séjour en sol montréalais...
Comment Coupez! est arrivé sur votre radar?
Je travaillais depuis un moment sur une comédie de tournage. J'avais commencé à prendre des notes et j'avais une histoire qui commençait à se dessiner. Le confinement est arrivé. En parlant avec un producteur, il m'a conseillé de voir One Cut of the Dead. J'ai trouvé qu'il y avait une structure narrative qui était vraiment brillante. Je me sentais complètement apte à le refaire, à me l'accaparer. Aussi bizarre que ça puisse paraître, c'est un remake qui est assez fidèle et pour autant un film très personnel.
Vous n'êtes pas à votre premier remake. Pensons à The Search ou les épisodes d'OSS 117. Quelles sont les règles pour bien réussir son remake ?
Je ne pense pas qu'il y a de règles. Je pense que ça dépend de pourquoi on fait un remake... One Cut of the Dead était un film d'étudiants. De le refaire avec des acteurs et des techniciens professionnels, d'une certaine manière, c'est comme si je faisais une traduction. En plus, il y avait ce côté culturel qui était différent. Le traitement de l'humour et des scènes de comédie est différent. Je ne voulais pas du tout cacher l'original et réinventer pour réinventer. Au contraire. Je l'aime beaucoup ce petit film. J'ai plutôt essayé de l'intégrer dans mon film. L'idée était de le mettre à l'honneur... Je ne m'aventurais pas à faire des remakes de classiques ou de films trop connus. One Cut of the Dead, personne ne le connaissait en France. C'est un film culte pour les gens qui l'ont vu. Depuis que je l'ai fait, plein de gens l'ont découvert.
Vous aimez les films de zombies?
Non, pas tant que ça. Après, j'adore Dernier train pour Busan. C'est un super film de zombies. Mais je ne cours pas après le genre. Ce n'est pas un format qui m'attire. Je n'ai pas de fascination pour les zombies. Là, par contre, j'ai fait mes devoirs. J'en ai regardé quand même pas mal. Après, les Romero, oui, j'aime beaucoup. Mais ce sont des classiques, ce n'est pas pareil.
Ce long métrage sur le monde du cinéma rappelle l'importance du collectif, qu'un film est le produit d'une équipe.
Oui. La majeure partie des gens ont un rapport au cinéma qui est d'être dans la salle. On est d'un côté de l'écran et on voit le résultat fini. Mais quand on fait des films, on n'est pas dans la salle. Le temps n'est pas du tout le même. Pour vous, un film est d'une durée de 90 minutes. Pour moi, une année à imaginer, tourner, monter, etc. Ce que j'aime bien dans ce film, c'est qu'on passe littéralement d'un côté à l'autre. On a ce temps de la fiction, du film fini. Et après on va de l'autre côté de l'écran et on a une autre manière de voir et de comprendre. Le regard change complètement. On passe d'un regard critique et de jugement à un regard empathique et bienveillant sur des gens qui, littéralement, se cassent le cul pour raconter une histoire pour que les spectateurs passent le meilleur moment possible... Le résultat et l'aventure humaine de faire un film sont deux choses décalées, complètement différentes.
De La classe américaine à The Artist, en passant par Le redoutable, le cinéma a toujours été au coeur de vos projets...
En effet. Le cinéma fait partie du dispositif à chaque fois. Et il y a toujours une connotation entre le fond et la forme. Ce qui m'intéresse au cinéma, c'est la manière de dire des choses, de raconter une histoire. Cela crée des dynamiques dans la narration et ça brise les conventions avec le spectateur. « OK, tu sais que tu es au cinéma. Je ne vais pas te faire croire que ce que tu vois est la réalité. Moi je crée des mensonges, du spectacle. »