Maxime Leflaguais n'avait pas tourné de film depuis Piché: Entre ciel et terre en 2010. Le fils de Michel Côté et Véronique Leflaguais est de retour au cinéma par la grande porte avec Rodéo, où il incarne un camionneur qui part sur la route avec sa fille (Lilou Roy-Lanouette) sans avertir la mère de l'enfant. Un récit d'initiation prenant qui oscille entre drame et suspense.
Cinoche.com a rencontré le sympathique comédien en prévision de la sortie de ce premier long métrage réalisé par Joëlle Desjardins Paquette.
Quelle a été votre réaction en lisant le scénario de Joëlle Desjardins Paquette et de Sarah Lévesque?
J'ai commencé à pleurer lorsque j'étais arrivé à la fin de la scène finale. C'est peut-être parce que j'ai une petite fille de quatre ans et demi. Je me suis identifié au personnage. Je suis quelqu'un de sensible, mais je ne pleure pas comme une madeleine tout le temps!
Que pensez-vous de ce personnage qui adore sa fille... mais qui finit pratiquement par la kidnapper?
Je n'ai pas senti qu'il voulait du mal à sa fille. Il fait tout pour préserver le lien avec elle et il va beaucoup trop loin. Mais à la base, ce gars-là, si tu le rencontres dans un party et qu'il n'est pas dans une relation conflictuelle avec une fille et qu'il n'a pas d'enfant, c'est un bon Jack. Il est drôle, il fait rire tout le monde. Après, on en connaît tous des gens comme lui, de bonnes personnes qui mettent le pied dans l'engrenage. Dans son cas, il est impulsif et peut-être naïf de penser qu'il va pouvoir aller se reconstruire une vie rêvée avec sa fille à l'autre bout du Canada et que ça va bien aller. Au fur et à mesure que le voyage avance, il se rend bien compte que ça n'a pas de sens. C'est comme un coming-of-age pour lui aussi. À travers toutes ces étapes-là, il grandit comme père.
Vous connaissiez la réalité de ces gens de camions qui participent aux rallyes? Il y avait un désir de s'immerger dans cet univers?
Ce gars-là, j'en ai une bonne part à l'intérieur de moi. J'ai des amis qui lui ressemblent. Après, qu'il soit soudeur, plombier ou camionneur, ça reste le même archétype de gars... La réalisatrice a grandi dans ce milieu-là et elle m'a fait suivre des cours de camion. À ma première journée de tournage, pour la première scène du film, il a fallu que je fasse 15 ou 20 courses devant 5000 ou 10 000 personnes. C'était assez tripant! Il y avait vraiment une grosse charge d'adrénaline. Il faisait 35 degrés, on était six dans le camion et la foule criait «Vas-y Alexis!» parce qu'ils me voyaient dans Les pays d'en haut! (rires)
Comment s'est construite la complicité avec Lilou Roy-Lanouette (Jouliks)? Car le coeur du film réside dans cette relation père/fille.
C'était super! On était complice et on s'est entendu très vite. Physiquement, je trouvais que ça marchait. C'est un détail, mais c'est rassurant. On est quand même dans un monde de son et d'images. On avait la même couleur de cheveux, presque la même couleur d'yeux, les mêmes petites taches de rousseur. On a aussi le même sens de l'humour. On se tire la pipe. On a un peu reproduit ce qu'on faisait dans la vie.
Vous, vous êtes récemment mis à la réalisation avec le court métrage Ouroboros qui est sorti l'année dernière...
Oui. J'ai vraiment la piqûre pour la réalisation. J'espère réussir à me développer là-dedans. J'écris aussi mes propres scénarios. On raconte souvent la blague: « C'est quoi la différence entre Dieu et un réalisateur? C'est que Dieu ne se prend pas pour un réalisateur! ». On fait référence à l'ego. Mais moi je me cri**e de l'ego. C'est vraiment une passion très forte de jouer à Dieu et de créer des univers. Je réalise un deuxième court au mois de mars avec Murielle Dutil.
Vous pouvez me parler de votre lien avec la cinéphilie ?
J'aimerais ça être plus cinéphile. Mais ça fait quatre ans que j'ai un enfant, je n'ai pas le temps de regarder beaucoup de films... Je suis un vieux fan de Terry Gilliam, de son univers des Monty Python. Son film Brazil m'a fait capoter quand j'étais jeune. Je trouvais que c'était très inventif. Sinon, j'aime bien David Lynch et Stanley Kubrick. Au Québec, je tripe sur ce que fait Robert Morin et Robin Aubert... Un de mes bests de tous les temps, c'est Werner Herzog. J'ai adoré un film qu'il a produit, The Act of Killing. C'est une des plus grandes expériences cinématographiques de ma vie.