Le cinéma québécois cherche depuis quelques années à rattraper le temps perdu en ce qui a trait à sa production de films de Noël. Car il n'y a rien de tel qu'un film rassembleur, pas trop compliqué et un peu kitsch sur les bords (et même au milieu) pour nous aider à passer à travers le dernier droit de l'année.
Le cas du Cyclone de Noël est d'autant plus inusité, car il s'agit également d'un long métrage dérivé d'une série télé. Un phénomène pour le moins rarissime dans la Belle Province.
Pour toutes les personnes impliquées, il s'agit évidemment d'une superbe reconnaissance, laquelle venait néanmoins avec certains défis.
Nous avons eu la chance de nous entretenir avec l'interprète d'Isabelle Gagnon, Christine Beaulieu, le scénariste Dominic Anctil et le réalisateur Alain Chicoine, quelques jours avant la sortie du film dans les cinémas.
« On voulait faire un spécial de Noël pour la télé, et après, la production et le diffuseur se sont parlé, et c'est devenu un film de Noël », explique Christine Beaulieu.
« Le scénario nous a été présenté à la dernière minute. Je l'ai lu deux ou trois semaines avant qu'on tourne. On a fait ça en quinze jours, c'était très périlleux. Il y a des imperfections et c'est parfait comme ça. On s'est embarqué là-dedans en pleine connaissance de cause. »
« Même si ça aurait pu se faire, je pense que tu n'as pas le temps en 22 minutes de bien rendre l'ambiance. L'idée de faire un vrai film était beaucoup plus intéressante », ajoute Alain Chicoine.
« Le producteur, Louis Morissette, nous a dit que ça ne pouvait pas être un sketch qui dure 90 minutes, et que ça prenait une histoire. Nous n'avions jamais scénarisé et réalisé de film de fiction. On est rentrés là-dedans avec humilité. On avait tout à apprendre, et on l'a fait avec sincérité, comme pour la série », souligne Dominic Anctil.
L'idée était, évidemment, de proposer un film qui saurait plaire autant aux fans de la première heure qu'aux curieux et aux nouveaux venus.
« Je trouve ça le fun, c'est rare un film qui assume autant. Ça vient de 'Chico', notre réalisateur, il n'a pas peur de ça. Il a fait les Bye Bye et Le coeur a ses raisons, donc il sait comment nous entraîner et on va à fond dans les blagues », soutient la comédienne.
« On ne devait pas perdre les gens qui aiment la série, il ne fallait rien dénaturer même si c'est un film. En même temps, pour ceux qui ne connaissent pas la série, il fallait tout de même expliquer certaines affaires. Il y avait un bon mélange des deux à faire », explique Alain Chicoine.
La série L'oeil du cyclone a d'ailleurs su rejoindre rapidement les téléspectateurs québécois. Pour Dominic Anctil, l'idée de proposer un rendez-vous familial n'est pas étrangère à un tel succès.
« L'objectif de la série et du film, c'est de réunir les familles. Devant un écran, oui, mais de les réunir. Parce qu'on n'a plus tant d'occasions d'être ensemble avec les enfants, avec les ados », rappelle l'auteur.
« Les gens me disent beaucoup qu'ils ont l'impression qu'il y a une caméra chez eux quand ils regardent la série. C'était notre volonté de faire un portrait vrai, tout croche, mais avec des relations où les gens s'aiment profondément. Malgré les intempéries, ça tient et ça dure, parce que c'est ça qui est important. »
« Ç'a vraiment marché dès le départ, et ça dure depuis. Ça me touche beaucoup la relation qu'on a su développer avec le public avec les années », confie Christine Beaulieu.
Et si « le temps des Fêtes, ce n'est plus comme avant », Le cyclone de Noël espère aussi pouvoir rejoindre son public en traitant sans détour de certaines nouvelles réalités.
« C'est un film qui est important pour les familles qui sont séparées, et il y en a de plus en plus. Il y a toujours la question à savoir qui aura les enfants le 24 décembre, et il y aura toujours un parent qui sera triste. Je pense que beaucoup de gens vont se reconnaître dans le film, dans cette situation qui doit être assez stressante chaque année », explique la comédienne.
« On sent qu'il y a quelque chose qui s'est perdu. Ce que dit le film, c'est que ce n'est pas la date qui est importante, ce n'est pas ce qu'on mange, ce sont les liens. C'est ça qui va toujours rester. Ce n'est pas parce que tu fêtes Noël différemment que tu vas rater tes affaires », enchérit Dominic Anctil.
Pour Christine Beaulieu, le temps des Fêtes aura une connotation encore plus particulière cette année, elle dont la mère est malheureusement décédée l'hiver dernier.
La principale intéressée ne cache d'ailleurs pas partager les mêmes sentiments que sa Isabelle en ce qui a trait au respect des traditions.
« Je suis très traditionnelle. On pourrait toujours être la même gang, à la même place, à manger la même affaire à Noël, et je serais très contente », confie-t-elle
« Les mères de famille ont souvent le poids de devoir être un pilier. Ma mère est décédée dernièrement, et force est d'admettre qu'elle était le pilier de notre famille [...] La personne sur qui on peut se fier, sur qui on peut compter, qui est rassurante, qui est tout le temps là, qui tient le coup...
Je vais cuisiner les beignes de ma mère, et son pâté à la viande, parce que c'était vraiment une tradition. Je ne peux pas concevoir qu'on ne les aura pas cette année, donc je suis en train de me préparer. J'ai son livre de recettes, je suis à ce point dans la tradition. Même si la personne qui faisait certaines choses n'est plus là, on peut continuer de les faire nous-mêmes. »
Le cyclone de Noël prend l'affiche partout au Québec ce vendredi 8 novembre.