Cela fait plus de deux décennies que Guillaume Canet fait fondre les coeurs des cinéphiles. Derrière sa prolifique carrière d'acteur se trouve également un cinéaste capable de rallier la critique et le public (notamment sur Ne le dis à personne).
Sa réalisation la plus populaire demeure à ce jour Les petits mouchoirs en 2010, où il conviait son épouse Marion Cotillard et ses amis (François Cluzet, Gilles Lellouche, Benoît Magimel, Laurent Lafitte...) à des vacances qui allaient marquer irrémédiablement leurs relations.
Neuf ans plus tard, les copains sont de retour et Guillaume Canet répond à nos questions...
Cela fait longtemps que vous aviez cette idée de suite?
« Pas du tout. Ce n'était pas prévu. Je me suis rendu compte qu'avec le temps, on n'avait plus les mêmes priorités qu'avant. Il y a des choses qui nous touchent plus que d'autres et on a souvent tendance à faire moins d'efforts à 45 ans qu'à 30 ans. On a moins de temps à perdre, on a envie d'être plus franc avec ses potes et quand il y a quelque chose qui ne va pas, on a tendance à vouloir dire la vérité. Ce sont des choses que j'ai vécues dans ma vie. »
Il y avait des appréhensions à revisiter votre oeuvre phare?
« Non. Je n'avais pas du tout maîtrisé l'accueil du premier film. Quand il est sorti, il a fait un gros succès. J'avais vécu un drame à cette époque-là et on a enterré un pote dans la même condition que dans le film. Du coup, je n'ai pas pu vivre le succès du film... C'est quand j'ai présenté le film un peu partout que j'ai découvert qu'il y avait des gens qui attendaient cette suite avec impatience. Je me rends compte qu'il y a une sorte de fidélité à cette bande, qui sont comme des potes pour eux. Et ils ont même envie d'en voir un troisième. »
C'est un long métrage sur l'amitié. C'est facile de diriger ses amis, de les ramener à l'ordre lorsqu'ils délirent? Oseraient-ils vous dire vos quatre vérités?
« C'est très compliqué de tourner avec ses amis, des gens proches ou avec sa femme. C'est génial parce qu'on est dans un rapport de confiance, d'entente et on se connaît bien. Mais en même temps, c'est assez terrible, parce qu'on fait moins d'efforts, d'un côté comme de l'autre. Le réalisateur prend moins de temps pour leur parler et les acteurs ont tendance, parce que j'étais leur pote, à être un peu plus dissipés, à être moins concentrés. Mais je dois dire que sur le deuxième, ils ont été beaucoup plus professionnels que sur le premier. »
C'est également un film sur le sablier du temps qui s'écoule inlassablement. Vieillir est quelque chose qui vous fait peur?
« Quand j'ai fait le film Rock'n'Roll, je disais que je n'avais aucun problème avec l'idée de vieillir. En fait, je crois que je racontais des conneries. Parce que plus ça va, plus je me dis aussi que ça m'emmerde de vieillir. Ça m'emmerde de sentir mon corps vieillir, d'avoir mal le matin quand je me lève, de ne pas pouvoir faire tout ce que j'aime faire... Et puis ça m'emmerde de devenir vieux dans ma tête. Je pense qu'on peut être vieux sans être vieux. J'essaye d'être vigilant par rapport à ça. »
« Je pense que je vais changer de femme pour prendre une femme beaucoup plus jeune! (rires) Et essayer de rajeunir par ça en fait. C'est tout ce que je trouvais horrible quand j'étais plus jeune, de voir un homme âgé avec une jeune femme. Mais non, je plaisante évidemment. Comme je ne suis pas très branché sur les plus jeunes femmes, je pense que je suis destiné à vieillir. »
Nous finirons ensemble est plus cynique que le précédent. C'était facile alors avec ce nouvel élément de réussir l'amalgame entre le drame et la comédie?
« C'était assez simple pour moi, car ça me ressemble. J'ai toujours été quelqu'un d'assez cynique, oscillant entre l'humour et le drame. Je suis comme ça. Il y a des jours où je suis perturbé par quelque chose et des jours où je vais bien. C'est vrai que mes films me ressemblent beaucoup. J'aime bien toujours mettre de l'humour dans le drame et du drame dans l'humour. Surtout que ça fait partie de la vie. »
Lorsqu'on est une vedette établie, comment continuer comme acteur et réalisateur à se mettre en danger sans s'aliéner son public?
« C'est l'instinct de ce que j'ai réellement envie de faire, de ce qui me correspond et qui est en accord avec moi-même. D'essayer d'être sincère là-dedans et de toujours faire des films pour les bonnes raisons. Quand c'est sincère et que ça me ressemble, les gens ne peuvent pas forcément m'en vouloir. Il y a des films qui peuvent marcher plus que d'autres, mais au moins, je suis honnête dans ce que je fais, dans ce que je raconte. Cette sincérité est pour moi la règle. »
Nous finirons ensemble prend l'affiche le 28 juin.