Imaginez si Hayao Miyazaki refaisait Mad Max. Cela ressemblerait sans doute à Polaris, un récit post-apocalyptique sur une fillette (Viva Lee) élevée par une ourse polaire qui est plongée dans des aventures extraordinaires.
Cinoche.com s'est entretenu avec la réalisatrice canadienne Kirsten Carthew (The Sun at Midnight) à propos de cette production qui a été tournée au Yukon...
Polaris est une fable environnementale qui se déroule dans un monde glacé, marqué par le feu et les inondations. Avec les récents incendies qui ont ravagé l'Ouest canadien, sentez-vous que le sujet est plus important que jamais?
Tout à fait. C'est cruellement d'actualité. La Terre souffre à cause de notre inconscience collective. Comme tout le monde, je vois l'effet des changements climatiques. Ils sont surtout perceptibles dans les régions nordiques, mais on ressent ses conséquences peu importe où l'on vit. Le climat s'affole et cela ne va pas aller en s'améliorant.
Pourquoi avez-vous décidé de faire appel à une distribution exclusivement féminine? Cela inclus l'ourse et la chienne...
Tout d'abord, pour le plaisir. J'aime jouer avec le public, faire réfléchir les gens et leur procurer des sensations fortes. Cela s'est sûrement déjà fait par le passé de confier tous les rôles à des femmes, mais je voulais offrir à mes actrices la possibilité de jouer des personnages - bons ou mauvais - qui sont généralement incarnés par des hommes. Comme je parle d'environnement, c'était important de sortir de la question de genre, de l'héritage du patriarcat et de cette façon traditionnelle de voir les femmes prendre soin de la nature. Chaque personne peut protéger ou détruire ce qui l'entoure, que l'on soit un homme ou une femme.
Quelle surprise de découvrir l'actrice Muriel Dutil (figure emblématique de la scène québécoise des 50 dernières années) dans la peau d'une ermite qui n'hésite pas à prendre les armes.
Quelle personne incroyable! Je l'adore! C'est une idée de notre producteur québécois. Ce fut un véritable plaisir de travailler avec elle. Je pense qu'elle s'est bien amusée. Elle a toujours voulu voir le Yukon. Et dans sa longue et fructueuse carrière, elle n'a jamais eu l'occasion de jouer une telle combattante. Elle vole toute les scènes où elle apparaît.
Au départ, on pourrait penser que Polaris est un film pour enfant. Mais il y a très tôt du sang et des morts...
Ce n'est pas un film pour les jeunes enfants... même si plusieurs jeunes enfants étaient présents dans les festivals pour découvrir le film. Ils aiment l'héroïne, l'ourse. Le personnage principal est comme un animal. Elle sait prendre soin des autres et chasser. Elle n'utilise jamais la violence pour le plaisir. Elle le fait uniquement pour se défendre ou protéger quelqu'un. J'adore les histoires fantastiques. Elles s'adressent à un large public et tout le monde peut s'y reconnaître. J'ai pris soin d'être représentative dans mes choix de personnages, en incluant par exemple, une enfant et une ermite aînée.
Qu'est-ce qui vous a incité à n'inclure aucun dialogue intelligible?
Je voulais qu'on épouse la perspective de l'héroïne : une fillette de 10 ans élevée par une ourse polaire. Elle ne sait pas parler et elle ne comprend pas les mots humains. Ce qu'elle connaît, c'est le langage de la nature, qui est donné à tous. Comme ce n'est pas un film qui se déroule dans un café avec des gens qui fument et qui boivent du vin, je pouvais me passer des mots. Le public saisit rapidement les enjeux et les personnages. Cela ouvre également une autre forme de communication, basée sur les images et les sons, les histoires que l'on peut se créer. Que l'on regarde le film à Hong Kong, en Tasmanie ou à Montréal, on l'expérimente tous de la même façon. C'est un film universel.
Polaris prend l'affiche le 1er septembre