Le nouveau film du réalisateur de Un baiser s'il vous plaît, Fais-moi plaisir et L'art d'aimer, Emmanuel Mouret, prend l'affiche au Québec ce vendredi au Québec, quelques mois après sa sortie en France qui a eu lieu en janvier dernier. Le film y a amassé un peu plus de 50 000 entrées.
Une autre vie, qui met en vedette Jasmine Trinca, Virginie Ledoyen et Joey Starr, raconte l'histoire d'une pianiste classique, Aurore, qui va se reposer dans la maison familiale après un malaise qui lui a enlevé le goût de jouer. Elle s'éveille au contact d'un électricien de la région, Jean, qui est déjà en couple avec Dolorès. Aurore et Jean amorcent tout de même une relation, au grand déplaisir de Dolorès, qui n'a pas l'intention de perdre son compagnon aussi facilement.
« Pour moi, soit il faut aimer les personnages, soit il faut en être fasciné, ou troublé. C'est ma ligne de conduite. L'autre ligne, qui est presque morale, c'est qu'il ne faut jamais se sentir au-dessus d'un de ses personnages », nous dit d'abord le réalisateur.
Est-ce à partir d'eux que vous élaborez vos histoires? « L'écriture est un long cheminement, et je pars beaucoup plus d'une structure narrative. J'oscille toujours entre l'idée qu'un film est à la fois plusieurs personnages, et en même temps que tous ces personnages synthétisent différents aspects de notre personnalité. Les personnages s'investissent progressivement au fil des versions, jusqu'à l'incarnation, c'est-à-dire la rencontre entre le comédien et les lignes de dialogues qui sont écrites. »
Justement, ces comédiens... « Joey Starr me faisait penser à Lino Ventura, qui était très impressionnant, grand, fort, qui peut faire peur, ce qui fait que quand il est doux et sensible, ça semble extrêmement sincère. Je trouvais ça d'autant plus émouvant. Je pense qu'il était intéressé parce que c'était l'occasion pour lui de montrer quelque chose d'autre de sa personne. Je n'ai jamais eu à lui expliquer le personnage, il était de façon très évidente le personnage. »
Tenez-vous au respect de vos dialogues? « Non... chacun est libre de les dire comme ils les veulent, on va dire « naturellement ». Ce que j'essaye d'enlever, c'est les tics de langage. Dans les costumes, dans la décoration, dans les dialogues, j'essaie d'enlever ce qui est trop actuel, à la fois pour donner une certaine élégance au film, mais aussi pour ne pas qu'il vieillisse; quand on parle seulement avec des expressions à la mode, le film vieillit très très mal. »
« Par rapport aux comédiens, la première chose c'est le costume. C'est certain. Ensuite, le décor, quand on est réalisateur, c'est aussi important que le comédien. C'est le décor qui fait la lumière et la mise en scène, c'est lui qui va offrir les possibilités de circulation, qui va donner l'ambiance des scènes. La préparation des films c'est le casting, des comédiens, de l'équipe, mais le plus difficile c'est le décor. Le décor va incarner le film. »
Il y a beaucoup de dialogues, mais aussi beaucoup de langage cinématographique, dans votre cinéma... « Pour moi les deux ne sont pas antinomiques. Il y a du cinéma quand les personnages parlent, on le voit très bien. Est-ce qu'ils disent la vérité? Qu'est-ce qui se cache derrière leur regard? Dans le mélodrame le propre c'est la retenue, quelqu'un dit quelque chose, mais il y a autre chose dans sa tête. C'est du cinéma quand l'imaginaire du spectateur est en marche. »
« Le film se fait dans l'imaginaire du spectateur. Je ne sais plus qui disait qu'il y a autant de films qu'il y a de spectateurs, et quand on est réalisateur, on est bien placé pour voir que personne ne ressent exactement le film de la même façon. Le personnage appartient au spectateur. »
Une autre vie est distribué par K-Films Amérique.