Nous nous sommes récemment entretenus avec la réalisatrice Jeanne Leblanc et l'actrice Emilie Bierre afin de discuter du film Les nôtres, qui prend l'affiche dans les cinémas québécois ce vendredi.
Jeanne Leblanc nous explique pourquoi Les nôtres sort dans les salles malgré l'annulation de plusieurs sorties de films en raison du coronavirus. « Les gens vont avoir besoin aussi de sortir un peu. Se rassembler aussi, ça fait du bien, ça nous rassure et ça c'est un film qui suscite des discussions, d'autres discussions. C'est là où peut être le bien fait de l'art et du cinéma, c'est de nous permettre, en petite communauté, de partager », explique la réalisatrice.
Précisons que Les nôtres raconte l'histoire de Magalie, une jeune fille de 13 ans vivant dans une petite communauté, qui tombe enceinte et refuse de révéler l'identité du père de son enfant.
La production a tenu à garder certaines informations secrètes pour ne pas gâcher le plaisir des cinéphiles, ce qui a occasionné certaines difficultés en promotion. « Au début, je pensais que j'allais trouver ça vraiment difficile, mais je me suis aperçu que le vrai sujet n'est pas celui qu'on croit. Le vrai sujet du film est tout ce qu'on cache pour se protéger. Ça, c'est le vrai sujet, ce déni-là. [...] Les nôtres c'est ça : dès que tu es dans mon clan, tu es correct, mais quand tu passes la limite de mon clan, je peux te détruire pour me protéger. »
Parmi les scènes qui ont été les plus difficiles à tourner pour elle, la réalisatrice mentionne celle-ci. « Il y a une marche que Magalie fait dans le corridor où elle se remet énormément en question. Je voyais Emilie qui se battait contre elle-même à se demander : jusqu'où je vais aller, comment je vais y aller. Pour l'accompagner là-dedans, il fallait que je comprenne par où elle passait, qu'est-ce qui lui arrivait et ça, des fois, je trouve ça exigeant parce que je veux tellement me mettre à nue autant que les comédiens, que quand je les regarde, il n'y a plus rien autour de moi, je suis avec eux à 100 %. Des fois ce n'est pas nécessairement les scènes les plus complexes, c'est ça qui est étonnant. Donc, je suis sortie de cette fameuse marche-là fatiguée. »
La réalisatrice n'a que de bons mots pour sa jeune actrice principale. « On a auditionné une quarantaine de jeunes filles et avec Emilie, à la prise 2, je savais », souligne-t-elle. « Quand tu communiques avec un acteur ou une actrice qui parle le même langage que toi, quand il répond bien à ta façon de diriger, que tu l'aimes dans sa façon de jouer, c'est une bonne base. »
Emilie Bierre abonde dans le même sens. « C'est le plus beau plateau que j'ai connu à date. C'est l'équipe la plus douce, la plus à l'écoute, la plus sensible que j'ai connue. C'était juste du bonheur, juste du fun. On riait tout le monde ensemble. C'était vraiment relax. Même s'il y avait des plus gros défis parfois, je ne me suis jamais sentie mal. Il y avait 0 jugement. C'était l'équipe parfaite. »
La scène préférée de la jeune actrice de 15 ans est la finale. « J'aime vraiment beaucoup la fin parce que tu peux t'imaginer toutes sortes de versions possibles. Après la projection du 26 février, il y a des gens qui venaient me voir pour me demander : « ben là, est-ce qu'elle va faire ça? " J'étais comme : "pour vrai, ça me fascine que vous pensez tous à ça, mais moi ma vision est différente". J'aime ça voir la réaction des gens. J'ai vraiment beaucoup aimé voir cette scène-là à l'écran. »
La réalisatrice indique ceci par rapport à sa conclusion : « 90 % des films que je vais aimer, ce sont des films où je suis obligée de m'impliquer un peu. Où on me prend pour la fille intelligente que je suis. [...] Je me suis demandé si j'étais capable de construire un univers où, à la fin, on va pouvoir remettre la clé aux spectateurs. Par exemple, mon père l'a vue très lumineuse la finale. Je trouvais ça fascinant. C'est sa clé de compréhension à lui. » Ainsi, sachez qu'il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses : tout le monde peut interpréter la conclusion comme il le souhaite.
Lisez notre critique du film Les nôtres ici.