Le quatrième long métrage de Daniel Grou, alias Podz, prendra l'affiche ce vendredi, le 28 février, après avoir été présenté en ouverture de la 32e édition des RVCQ la semaine dernière. Titré Miraculum, le long métrage suit les histoires en parallèle de plusieurs personnages liés de près ou de loin à l'écrasement d'un avion en direction de Cuba. Robin Aubert, Marilyn Castonguay, Xavier Dolan, Anne Dorval, Julien Poulin, Gabriel Sabourin et Louise Turcot font partie de la distribution.
Le réalisateur de Les sept jours du Talion, 10 1/2 et L'affaire Dumont réalise ainsi un film choral où les histoires se croisent, mais pas nécessairement. « C'est ce qui est particulier dans ce film-là. Il y a des films chorals où chaque histoire est séparée, parfois elles se croisent, parfois pas. Dans ce film-ci, elles ne se croisent pas nécessairement, mais je voulais qu'en bout de ligne ça donne une histoire, un thème, un message. Tout contribue à une seule affaire. Ça c'est tough. D'où la musique, tout était conçu pour ça. »
Et d'où l'unité du langage cinématographique? « Oui. Il y a eu beaucoup de discussions en pré-prod de faire toutes les histoires différemment, une en 35mm, une comme ci, une comme ça. Au début j'étais là-dedans, mais finalement non, car c'est une seule histoire. »
Depuis toujours tu cherches le vrai. « Je suis toujours là-dedans. Je cherche le vrai. Tu peux être vrai et faire des documentaires, où tu peux une impression du vrai avec du faux. C'est plutôt ça le cinéma, c'est quelque chose de malléable qui traduit bien la vérité, mais pour arriver cette vérité il faut parfois créer des artifices. »
C'est le cas dans tous les films, mais c'est encore plus vrai ici car cela définit leur vie : les personnages ont une vie avant le début de l'histoire. « Oui, il fallait qu'on les comprenne vite pour qu'on puisse voir la fenêtre dans laquelle on les voit. Ils sont tous arrivés à un point dans leur vie où il faut qu'ils fassent un choix qui va être déterminant. Il faut comprendre les enjeux de ces choix-là rapidement. »
Comment faire? Le cinéma? « Oui, le cinéma permet ça, il y a des codes, des façons de faire, des choses qu'on reconnaît, des façons d'identifier les gens. On vit dans une époque où les gens ont vu beaucoup de films, même jeune, tu as été submergé d'images. Il faut jouer sur ce que le public sait déjà. »
En même temps, voilà un récit où le montage est primordial et sans doute compliqué. « On a reviré le montage boutte pour boutte, mais pour arriver à ce que le scénario me disait à moi. Le montage est une réécriture, mais pour revenir à l'essentiel. »
Vous terminez, sur fond noir, avec une phrase assez forte : « Si les avions tombent, c'est que votre Dieu, il n'existe pas. » Est-ce que cela ne pourrait prendre le pas sur le reste du récit? « Oui, il y a ce risque-là. Mais je voulais que le monde reste avec ça. Pour moi, ce n'est pas un statement définitif, pour moi c'est une question, à cause du regard de Marilyn à la fin. Elle nous regarde, elle brise le quatrième mur. Et il ne dit pas « Dieu n'existe pas », il dit « Votre Dieu n'existe pas ». Je pense que chacun a droit à sa conception de Dieu. Je trouve ça difficile quand les gens autour de moi disent que leur Dieu est meilleur que le mien. »
« Le message ultime de ce film-là, c'est ce que Marilyn vit. Elle arrive à un moment dans ce film où elle prend sa vie en main, où elle va arrêter de s'en remettre à autre chose. La dope, le cul, l'amour, l'argent, la consommation, l'argent, Dieu... non, elle va s'en remettre à elle. Elle va vivre les conséquences de son choix. C'est le mieux que tu peux demander à quelqu'un. »
C'est d'ailleurs elle, Marilyn Castonguay, qui a le plus contacts avec les personnages des autres récits que le sien. Son personnage d'infirmière Témoin de Jéhovah soigne un grand brûlé, passe de porte en porte et plus de devoir vivre avec la maladie grave de son fiancé. Dans des scènes qui sont souvent silencieuses, intérieures. « Faut que tu sois absolument convaincu de ce que tu ressens. Quand tu ne parles pas, faut que les émotions, ce que tu ressens, soient claires pour toi. Même quand ce n'est pas clair pour le personnage, faut que tu sois sûr que ce n'est pas clair. Mon personnage est tellement introverti, c'est un personnage délicat, mais avec une force en même temps. Elle est toujours dans le questionnement. »
T'intéresses-tu aux autres histoires? « Je n'y pensais pas du tout. Tu veux le savoir par curiosité, mais ça n'a tellement pas d'impact... Mais c'est vrai que mon personnage a des interventions avec des personnages des autres trames. C'est comme si on n'était pas dans le même film, parfois. C'est plein de solitudes ensemble. On pense qu'on est tout seul à vivre nos drames, mais on ne sait pas ce qui se passe à côté. »
Tu as déjà travaillé avec Podz pour L'affaire Dumont. « On se connaissait plus, donc quand il me dirigeait il me dirigeait. Il avait moins le devoir de m'enrober, que je sois bien. Quand tu peux retravailler avec quelqu'un, et aussi vite, ça va de mieux en mieux. Tu ne sens jamais avec Podz que tu es dans le champ, tu ne sens jamais que c'est trop de temps. »
« Pour moi, le travail se fait avant avec le texte. C'est là que ressort toute la personnalité. C'est une fille de peu de mots, mais en même temps, c'est une infirmière. C'est quelqu'un qui se pose des questions, qui est attirée par les autres. Travailler dans le domaine de la santé, c'est une vocation, tu veux aider les gens, les sauver. »
Miraculum, qui est produit par Pierre Even et Marie-Claude Poulin et distribué par Les Films Séville, prend l'affiche ce vendredi.