Affirmer que Coco ferme, film qui relance la bien-aimée bannière des Contes pour tous, a été bricolé avec deux morceaux de bois et trois bouts de ficelles ne relève presque pas de l'exagération : le réalisateur Sébastien Gagné a dû boucler en 20 jours seulement le tournage de son long métrage, lequel - couche de complexité supplémentaire! - met en vedette... des enfants et des poules. Et ce, avec un « tout petit budget », de moins de trois millions. Or, l'aventure s'est apparemment rondement déroulée.
« On était bien entourés », indique Sébastien Gagné, qui est lui-même père de quatre bambins. « Oui, c'est plus difficile avec les enfants, parce que ça prend plus de temps, mais c'est plus une question de patience qu'autre chose. On arrive à tout quand même; c'est juste qu'il faut tout refaire et refaire. Mais ce sont [les petits comédiens Oscar Desgagnés, Joey Bélanger et Emma Bao Linh Tourné] trois Formule 1, ils avaient de l'expérience, ils étaient super bien préparés et j'avais une coach d'enfants qui les préparait en amont. Ils sont très brillants, très sensibles et très rigoureux. Toute l'équipe était au service des enfants pour faciliter leur travail, parce que le film reposait sur leurs épaules. Ç'a vraiment bien été, et ils ont fini le tournage très fatigués. »
Et les poules, aimaient-elles la caméra? Chose certaine, les volatiles n'ont pas causé trop de soucis sur le plateau, étalé l'été dernier dans trois municipalités de l'Estrie, Saint-Armand, Sutton et Knowlton. La plupart du temps, les troupes de Coco ferme jouaient avec une douzaine de poules, qui appartiennent au scénariste et producteur Dominic James. Ce dernier dit avoir été fortement influencé par son environnement de révolution paysanne pour imaginer l'histoire de Coco ferme.
Pour les autres jours, où les scènes filmées requéraient la présence équivalente à une ferme complète d'oiseaux, une commande spéciale de 300 poules avait été livrée. On s'est dépêchés de condenser en trois jours les segments où les « invitées » étaient nécessaires, et le tout s'est déroulé sans anicroche.
« Des gens affectés à s'occuper des poules ne faisaient que ça, des gens qui travaillent sur des fermes et habitués de les manipuler, qui savent comment les poules réagissent. C'était un peu compliqué, parce que c'était la saison de la grippe aviaire, et les poules ne pouvaient pas se mélanger. Il fallait que tout soit pensé d'avance. Mais finalement, les poules, ç'a été un peu un non-événement, parce que ç'a vraiment bien été », soutient Sébastien Gagné, ne citant qu'une minime anecdote où Emma Bao Linh Tourné a reçu une petite égratignure lui ayant causé une petite réaction cutanée, seul fait à signaler.
C'est pas parce qu'on est petit...
Coco ferme raconte l'histoire d'un préadolescent de 12 ans à la fibre entrepreneuriale et récemment établi à la campagne, Max (Oscar Desgagnés), qui se lance dans l'élaboration d'une ferme de poules pondeuses avec des amis de son âge. L'apprentissage du monde des affaires constitue une thématique parfaite pour ressusciter le concept des Contes pour tous, qui prônent des valeurs d'union et d'inspiration.
L'initiative de raviver les Contes pour tous est celle de Dominic James, ancien réalisateur devenu producteur (et fils de Claire Pimparé, alias Passe-Carreau des premiers Passe-Partout), qui a acheté du regretté Rock Demers les Productions La Fête, en 2015. La période entre son acquisition et le lancement du premier opus des Contes pour tous 2.0 a été longue, parce qu'il fallait trouver le bon ton pour rendre justice à l'institution que représente les Contes pour tous aux yeux des Québécois.
« On prenait ça au sérieux, les Contes pour tous », mentionne Dominic James. « On ne veut pas juste faire un film pour faire un film. On veut apporter quelque chose, qu'il y ait un propos et que ça s'adresse à un public large; le film doit être aussi bon pour un public adulte que pour un public jeune. On veut aborder des thématiques universelles, souligner qu'ensemble, on est plus forts, et avoir des personnages auxquels on peut s'identifier. On est vraiment excités et fébriles, parce qu'à date, je n'ai jamais vu de réactions aussi fortes chez toutes les générations que pour Coco ferme. »
« Aucune série n'a autant traversé le temps, au Québec, que les Contes pour tous », estime de son côté Sébastien Gagné, qui réalise ici son premier film après plusieurs séries télévisées (Lâcher prise, Nuit blanche, Le chalet). « C'est une série fédératrice, qui rejoint autant les enfants que les parents, qui nous permet de nous voir à l'écran. On s'identifie à l'histoire et aux personnages. C'est un peu comme si on m'avait demandé de réaliser un Star Wars! Dès qu'on a fait l'annonce qu'on tournait un nouveau film des Contes pour tous, j'ai vu l'importance que ça avait dans le coeur des parents. »
« Si on veut former une relève de cinéphiles, ça commence avec ce genre de films-là. On a vraiment pris ça au sérieux. Ce n'était pas une mince tâche. En même temps, ce n'était pas lourd; tout s'est fait dans le bonheur et tout le monde était excité. On trouvait tous que c'était le temps que ça revienne', continue Sébastien Gagné, qui voudrait que le public retienne comme message, de Coco ferme, que « les jeunes sont capables de faire de grandes affaires et qu'ils peuvent montrer aux adultes la voie à suivre. »
Coco ferme prend l'affiche au cinéma ce vendredi, 24 février.