Le réalisateur français Cédric Klapisch, qui avait marqué toute une génération en 2002 avec son film L'auberge espagnole, puis deux ans plus tard avec Les poupées russes, retrouve les personnages de ces deux films pour le troisième volet de la trilogie, Casse-tête chinois. Sorti en France en décembre dernier, le film a rejoint plus d'1,5 million de spectateurs.
Romain Duris, Audrey Tautou, Cécile de France et Kelly Reilly reprennent tous leur rôle dans ce nouveau film dans lequel on suit Xavier se rendre jusqu'à New York pour pouvoir rester près de ses enfants.
Nous avons rencontré le réalisateur en janvier dernier à Paris.
« J'ai compris en commençant l'écriture de ce scénario qu'il ne pouvait pas fonctionner sur le même moteur que les deux autres. Le moteur des deux autres c'est la spontanéité; je ne dirais pas l'improvisation, mais l'urgence, ils marchaient parce que je les ai faits vites. Il y avait quelque chose de la jeunesse des personnages qu'il fallait voler, surprendre », nous dit-il d'abord.
C'est vrai qu'il a fallu près de dix ans pour sortir ce troisième film. « Ce qui prend du temps, c'est la complexité du scénario. Comme le but, c'est de dire que la vie de Xavier est très complexe, il fallait que ce soit simple pour le spectateur, et complexe dans l'histoire. Je pense qu'au bout du compte le film est assez limpide, mais il faut fabriquer plein d'épisodes compliqués pour la vie de Xavier. »
« Pour la suite de ce personnage, avec le fait qu'il a 40 ans, c'est qu'il y avait beaucoup de paramètres à gérer sur son destin, celui d'Isabelle, de Martine, de Wendy, je ne pouvais pas improviser. C'est lié aussi à leur âge; ils ont 40 ans dans le film, alors ce côté jeté, chien fou, ça marche moins. Il a fallu que je sois plus mature, plus réfléchi, que je prenne plus de temps pour écrire, donc le film a un côté plus cadré, plus sérieux. »
« Ce que j'ai toujours dit, c'est que j'ai douze ans de plus que le personnage, donc j'ai douze ans pour réfléchir à ce que c'était d'avoir 40 ans, 30 ans. C'est de l'observation, il y a des scènes que je nourris à mon expérience. À 40 ans, on sent qu'on n'est plus jeune, mais on n'est pas encore vieux. »
Il doit aussi être difficile de réunir tous ces acteurs sur un même plateau en même temps. « Oui, mais en fait on s'est rencontré il y a à peu près deux ans, et ils étaient très heureux et soulagés, et à ce moment-là ils m'ont dit qu'ils seraient disponibles un an et demi plus tard... j'ai eu besoin de cette année et demie pour écrire et préparer, donc ça tombait bien. Ça m'a donné le temps. »
Vous avez attendu que Romain Duris ait des enfants avant de faire le film... « Romain, il joue bien quand il connaît les choses de l'intérieur. C'est vrai que je savais qu'il jouerait mieux s'il avait des enfants, pas seulement sur le jeu, mais aussi sur la compréhension du personnage. À l'époque du tournage, il en avait un... C'est sur les petits détails : marcher avec un enfant dans la rue, être au square avec un enfant. Des mini choses qui donnent une réalité au plan. »
Quel a été l'apprentissage pour vous? « Moi j'étais en stage sur ce film, pour comprendre le New York, d'aujourd'hui, les règles américaines de tournage. C'était comme apprendre un nouveau métier, c'est vraiment un autre métier qu'en France. J'ai toujours travaillé à l'étranger, et c'est vrai qu'on ne filme pas en France, comme en Afrique, comme en Russie, comme aux États-Unis. Alors, au début on a envie de s'énerver tout le temps. À chaque pays il faut apprendre les règles du pays. »
Pourquoi installer l'histoire à New York? « New York, c'est une ville fascinante, et au niveau du thème, c'était la ville la mieux pour l'histoire. New York c'est la ville des gens qui aiment voyager. Ces trois films racontent notre époque avec l'idéologie de la mobilité, du voyage, donc l'idéologie de la mondialisation, et la capitale mondiale de ça, c'est New York. »
Casse-tête chinois, qui est distribué par Les Films Séville, prend l'affiche ce vendredi.