Après avoir été présenté au Festival de Karlovy Vary le mois dernier, le film Trois temps après la mort d'Anna, de Catherine Martin, prend l'affiche sur les écrans québécois ce week-end. La réalisatrice a écrit elle-même le scénario du film, qui raconte le désespoir d'un mère, Françoise, suite au décès tragique de sa fille. Elle se rend à la campagne et décide de s'abandonner dans la forêt, où elle est sauvée in extremis par un homme.
Le cinéma est l'amalgame de plusieurs petits éléments (l'image, le son, les dialogues, les comédiens, etc.). D'après vous, d'où provient l'émotion? « De l'art. De la création artistique, j'imagine. Que tout ça finit par avoir une cohérence - on le souhaite toujours quand on fait un film. Le processus d'écrire et de réaliser un film, c'est à la fois très structuré et mystérieux. Les éléments semblent disparates, mais ils sont liés : par le récit, dans le cas d'un film plus narratif, mais aussi par le cinéma en tant qu'art. Quand on réussit ce qu'on envisage. »
Réaliseriez-vous un film que vous n'auriez pas scénarisé? « Ça ne m'est jamais passé par l'idée... mais on ne sait jamais ce qui peut arriver dans la vie. Mais pour le moment, ça ne se présente pas, et je ne vais pas au devant non plus. Je pense beaucoup en images; ce sont des images qui viennent, parfois des personnages. Je ne suis pas une littéraire, je suis vraiment issue du cinéma. J'ai tendance à aller chercher mes références dans le cinéma plutôt qu'ailleurs. »
Vos films sont tous teintés d'une certaine pudeur. « C'était le mot d'ordre avec François Papineau et Guylaine Tremblay. Ce qui est au centre de leur relation, c'est la pudeur. » Une économie des mots. « Oui, aussi. Ça arrive souvent dans mes films, j'écris des dialogues, on les répète, on les retravaille, et rendu au tournage, on en enlève beaucoup. »
Il y a aussi, entre eux, une scène d'impudeur... « Ah non! Ce n'est pas de l'impudeur, au contraire. C'est très pudique. La gêne qui est entre eux est très grande. Pour moi, ce n'est pas impudique, c'est plutôt une scène ou quelque chose se révèle. C'est une scène qui était au scénario, c'est une scène dont je n'aime pas trop parler. C'est la scène où Françoise renaît. » Il y a plusieurs symboles, comme ça, l'eau... « Moi je ne vois pas les symboles. Il y a de l'eau, c'est seulement de l'eau. L'hiver; bon, j'adore l'hiver, et pour s'abandonner dans la forêt et se laisser mourir, c'est pas possible en été. »
Avec ce troisième long métrage de fiction, avez-vous l'impression d'avoir bâti un dialogue avec votre public? « Je le souhaite, j'espère. Mes films ne sont pas aussi vus que je souhaiterais qu'ils soient vus. Il y a des temps dans mes films qui font en sorte que les gens peuvent entrer dans mes images, s'imprégner. »
Trois temps après la mort d'Anna prend l'affiche ce vendredi.