En début de semaine, le documentaire Bully a fait couler bien de l'encre aux États-Unis après que la MPAA (Motion Picture Association of America) ait classé le film R donc interdit aux moins de 17 ans. Puisque le long métrage traite de l'intimidation chez les jeunes, des dégâts que peut entraîner ce fléau, toute l'industrie était en émoi du jugement sévère de l'association américaine. L'entreprise a refusé que le film soit coté PG-13 (déconseillé aux moins de 13 ans, la supervision des parents est conseillée) principalement en raison de son langage cru.
Harvey Weinstein, co-président de Weinstein Company, a tenu à communiquer son désarroi aux médias cette semaine : « En tant que père de quatre enfants, je me soucis de la problématique de l'intimidation tous les jours. C'est un sujet très sérieux et omniprésent pour ma famille et moi. Je veux que chaque enfant, parent et professeur en Amérique voit Bully. Le classement « R » aux États-Unis empêche ce film d'être vu par ceux pour lesquels il a été créé, les jeunes, qui peuvent aider à mettre fin à l'intimidation. Il est préférable que les jeunes entendent de mauvais mots, plutôt que d'avoir un mauvais comportement. »
La chaîne AMC permettra, selon ce qu'elle a révélé mercredi, aux jeunes de moins de 17 ans de voir le film malgré les restrictions de la MPAA. La troisième chaîne la plus populaire chez nos voisins du Sud, Cinemark, a quant à elle refusé complètement de projeter le film alors que la plus importante, Regal, est encore en réflexion.
Au Québec, la Régie du Cinéma a décidé de permettre à tous de voir le documentaire en accordant la cote « G » (Général) au long métrage. Le film est appuyé chez nous par la fondation Jasmin Roy, qui a pour mission de lutter contre la discrimination, l'intimidation et la violence. « C'est un film extrêmement troublant. Il pose un regard franc sur le problème de l'intimidation qui nous aidera peut-être à l'envisager différemment. », confie M. Roy.
Bully, ou Intimidation en version française, suit cinq jeunes et leur famille, pendant une année scolaire. Deux familles ayant perdu des enfants suite à des suicides, ainsi qu'une mère, anxieuse de connaître le sort de sa fille, emprisonnée pour avoir emporté un fusil dans l'autobus scolaire, font partie de ces histoires. Grâce à un regard intime jusque dans les maisons, les classes d'école, les cafétérias et les bureaux des directeurs, le film offre une porte vers ce monde souvent cruel qu'est celui des jeunes victimes d'intimidation.
Le film prend l'affiche le 13 avril à Montréal et à Québec.