Brain Freeze n'est pas un petit projet. C'est assez rare qu'on fait des films de genre au Québec, et lorsqu'on en voit un aussi réussi visuellement, on se questionne à savoir comment on a pu y arriver avec les moyens dont on dispose.
On a eu la chance d'en discuter avec le réalisateur, Julien Knafo, qui nous parle d'abord de la genèse du projet.
« Je cherchais un projet de premier film et je n'y arrivais pas. Dans un moment de découragement, je me suis dit que j'allais écrire juste quelque chose pour rigoler. J'étais à l'Île des Soeurs et je trouvais ça drôle un film de zombies à l'Île des Soeurs », nous dit-il.
« Il y a visiblement eu une faille dans la réalité, puisque la SODEC a tout de suite embarqué pour l'écriture du scénario : elle m'a donné une bourse. Je me suis donc retrouvé avec cette patate chaude dans les mains. Je me suis vraiment donné corps et âme à ce sujet-là et j'ai tout lu sur les zombies », ajoute-t-il. « Reste que, pour moi, à la base, ce n'est pas un film de zombies. Le zombie est accessoire dans la mesure où il est l'antagoniste. Ce qui s'est tramé, c'est davantage l'histoire de cet adolescent, ce passage à l'âge adulte. »
Brain Freeze suit les aventures d'André, un adolescent vivant sur la riche Île-aux-Paons avec sa mère et sa petite soeur. Quand un virus contamine sa mère et la transforme en morte-vivante, il n'a d'autre choix que de s'occuper du bébé. Il s'aventure à l'extérieur pour trouver de quoi nourir l'enfant et rencontre Dan, un gardien de sécurité qui n'a pas été infecté lui non plus. Ensemble, ils tâcheront de comprendre ce qui a provoqué cette épidémie, et peut-être trouver un remède.
Les effets spéciaux prennent une grande place dans ce film. « On ne pouvait pas payer ce que ça aurait coûté réellement », nous indique le cinéaste. « On a établi un partenariat avec deux boîtes principales. Ils n'ont pas travaillé bénévolement, mais ils donné beaucoup beaucoup de leur temps. Je pense par passion, par intérêt. Fake Studio, qui font tous les effets spéciaux des projets de Jean-Marc Vallée, ont été la bougie d'allumage. Ils ont permis au film d'exister parce que j'avais besoin d'une confirmation que ces effets-là allaient être à l'écran parce qu'au scénario, c'était énorme ce que ça demandait. Ils se sont commis. L'autre boîte qui a beaucoup travaillé avec nous, c'est Alchemy 24. Ç'a été une grosse partie du défi du film de trouver les gens qui avaient envie d'embarquer. Personne l'a fait pour l'argent. Je leur lève mon chapeau. Je les remercie du fond du coeur. »
Un autre des gros défis du film a été de travailler avec des bébés. La petite Annie, âgée de moins d'un an, était interprétée par des jumelles. « Quand on fait un casting de bébés, on fait surtout un casting de parents, parce que ça va être des longues heures, on va barouetter les enfants. On veut être sûr que les parents ont cette ouverture-là. Ce qui arrive souvent, c'est quand on décide de travailler avec les bébés, on a déjà eu un rapport avec les parents et on a senti une énergie. Ça ne m'étonne pas que ça se transpose chez l'enfant et c'est un peu ce qui s'est passé. Ces deux jumelles-là avaient une énergie extraordinaire. C'est au montage que je me suis vraiment rendu compte qu'elles jouaient. Ça m'a complètement sidéré. Je savais que j'avais ce que j'avais besoin, mais je regardais certaines scènes au montage et j'étais abasourdi de constater qu'elles suivaient du regard ce qu'il fallait qu'elles suivent. Ç'a été de belles surprises », raconte Julien Knafo.
Une scène du film Brain Freeze - Filmoption InternationalLes maquillages s'avèrent également excessivement compétents. « Moi, mon rôle a été de nourrir Éric Gosselin et sa conjointe Edwina, qui ont fait toute la conception du zombie. Ç'a été une collaboration extraordinaire. C'est eux qui ont créé cette espèce de zombie bio-organique à partir de l'idée que j'avais. C'est tout leur génie et leur talent qui rejaillit là-dedans. Il y a plusieurs stades du zombie, et l'étape 4 c'est la pire. Il y a le directeur photo à un moment donné qui demande à l'assistant-réalisateur où en est le comédien, et il répond qu'ils ont commencé à le maquiller pour le stade 4, donc le directeur photo dit : "Ah ok, on en a pour quatre heures!" C'était beaucoup d'heures de préparation pour les acteurs. »
Une scène du film Brain Freeze - Filmoption InternationalIl est aussi surprenant que réjouissant de voir Roy Dupuis en tête d'affiche du film. « Ce personnage-là était un chasseur avant d'être un garde de sécurité », nous explique le réalisateur. « Je pense que Roy Dupuis n'est jamais arrivé dans ma tête avant ce personnage de survivaliste, homme des bois, bourru, qui connaît rien à la nouvelle technologie, prenne forme. Quand il est arrivé, j'ai vu Roy Dupuis. J'avais fait la musique du film Truffe dans lequel il jouait dans un univers un peu éclaté. J'avais eu ce rapport comme musicien avec cet acteur-là. »
Il enchaîne : « Les gens pensent qu'il a dit oui parce que c'est un film qui parle d'environnement. C'est sûr que c'est quelque chose qui lui a plu, mais je pense qu'il a décidé d'embarquer quand il a vu le démo que nous avions fait pour les institutions. Il l'a trouvé très beau. Il a dit qu'il ne voyait pas ça souvent, des films visuellement beaux comme ça. Ç'a été le premier à embarquer. D'ailleurs, il a un titre de producteur là-dessus et avec raison, parce qu'il a été très participant. Il a vu beaucoup de versions du scénario. »
Une scène du film Brain Freeze - Filmoption InternationalBrain Freeze prend l'affiche dans 37 salles au Québec. Lisez notre critique ici.