Suivant la popularité toujours grandissante des contenus de type « true crime », le réalisateur Matt Ruskin a décidé de plonger tête première dans l'énigmatique histoire du célèbre Étrangleur de Boston, qui a sévi dans la ville de l'État du Massachusetts au milieu des années 1960.
Le tueur en question a créé une onde de choc chez les femmes de la communauté, qui vivaient dans la peur constante d'être la prochaine victime de ce tueur aux méthodes singulières, qui aura bénéficié d'une enquête boiteuse de la part des autorités pour faire davantage de victimes.
Mais l'histoire entourant cette série de meurtres survenue près d'une décennie avant que l'expression « tueur en série » existe réellement est beaucoup plus complexe et épineuse que nous pourrions l'imaginer au premier abord.
Comme c'est souvent le cas avec ce genre d'affaires, l'idée d'en faire un long métrage est partie d'une obsession n'étant pas sans rappeler celle qui alimentait les personnes qui tentaient désespérément à l'époque de venir à bout de cette enquête.
« J'ai grandi à Boston, j'ai toujours entendu parler de l'Étrangleur de Boston, mais je ne connaissais rien de l'affaire. Il y a quelques années, j'ai commencé à lire tout ce que je pouvais sur cette série de meurtres remplie de questions demeurées sans réponses et de rebondissements », a expliqué le réalisateur lors d'un point de presse, plus tôt ce mois-ci.
Ce qui rend le récit encore plus digne d'intérêt en 2023, c'est le fait que la connexion entre les différents meurtres n'ait pas été découverte par les policiers - dont la plupart ont pris le dossier plus qu'à la légère -, mais par deux journalistes oeuvrant pour le Boston Record, Loretta McLaughlin (Keira Knightley) et Jean Cole (Carrie Coon). Deux femmes dont la contribution n'a - évidemment - pas été retenue à sa juste valeur par l'Histoire.
« L'idée de raconter le récit d'un tueur en série à travers les points de vue de ces deux femmes journalistes était vraiment intéressante. Et le fait que ce soit deux femmes qui aient découvert cette connexion a été en grande partie effacé des livres d'Histoire me parlait beaucoup également », a notamment expliqué Keira Knightley.
N'ayant d'ailleurs pu mettre la main que sur très peu d'informations sur ses deux futures héroïnes au début de ses recherches, c'est un coup du destin qui a aidé Matt Ruskin à en apprendre un peu plus sur ces dernières, alors qu'il a découvert qu'un ami à lui connaissait les filles de Jean Cole. Et ces dernières ont accepté volontiers de l'aider dans ce processus.
« Plus j'en apprenais sur ces femmes, plus je les admirais, et plus je me sentais obligé d'essayer de raconter leur histoire », a soutenu le cinéaste.
« Ce film est vraiment une lettre d'amour aux femmes journalistes d'investigation », a enchéri Keira Knightley, qui estime que la différence de points de vue a fait toute la différence dans la réalité.
Boston Strangler explore également la relation autant conflictuelle que basée sur le donnant-donnant entre les médias et les corps de police, personnifiés ici par le personnage d'un enquêteur de plus en plus désillusionné interprété par Alessandro Nivola.
De son côté, le toujours excellent Chris Cooper se glisse dans la peau de Jack Maclaine, le supérieur des deux investigatrices qui devait gérer une salle de rédaction à un moment où les femmes étaient souvent regardées de haut par leurs confrères masculins. Son personnage passe, d'ailleurs, du scepticisme à la bienveillance durant le récit, en particulier envers Loretta.