Le dernier film du regretté Claude Miller, Thérèse Desqueyroux, prend l'affiche au Québec ce vendredi après avoir été présenté au Festival de Cannes en mai, à celui de Toronto en septembre et à Cinémania au début du mois. Audrey Tautou y tient la vedette aux côtés de Gilles Lellouche et d'Anaïs Demoustier.
Elle incarne le personnage-titre, une femme prisonnière de conventions bourgeoises dans les années 20, près de Bordeaux. Nous avons rencontré Audrey Tautou lors de son passage au TIFF plus tôt cet automne.
Qu'est-ce que qui vous convainc d'accepter un rôle? « Le réalisateur, bien sûr, et puis aussi le personnage et l'histoire, qui va tomber au bon moment dans ma vie. Avec Claude, on s'était rencontré il y a dix ans, il y avait eu projet que je n'avais pu faire parce que je jouais au théâtre, mais le désir de travailler ensemble était intact. »
Vous êtes attachée à ce rôle depuis plusieurs années? « Oui. J'ai lu le livre il y a trois ans, avant que le scénario soit écrit. » Est-ce donc à dire que le scénario a été écrit pour vous? « Peut-être que Claude a fait le rôle à ma pointure, mais en même temps c'est le propre d'un acteur ou d'une actrice de jouer des rôles différents; plus un rôle est éloigné de soi, plus il est intéressant. Ce qui m'a plu dans le personnage de Thérèse, c'est de jouer sa jalousie, c'est de jouer son orgueil, c'est de jouer ses silences, sa cruauté parfois, parce que ce sont des choses qui sont loin de ce que je suis. »
Quel est l'impact sur votre travail lorsqu'un scénario est adapté d'un roman? « Ça peut apporter davantage de matière à l'imagination, mais pour moi, ça ne change pas grand-chose. Une fois que mon imaginaire s'est mis en marche, après lecture du roman, je me concentre ensuite sur le scénario. L'histoire que je raconte devient avant tout l'histoire du scénario, l'histoire que raconte le metteur en scène. »
Les conventions sociales sont très importantes au sein du film, qui se déroule dans les années 20. « Les décors font beaucoup pour l'ambiance du film. Ils étaient tellement justes, par rapport à la situation, d'une grande austérité, ça a apporté beaucoup à l'atmosphère et à la violence des rapports dans cette famille. Que ça se passe à cette époque, c'est un peu accessoire, parce que le contexte n'a tellement pas changé aujourd'hui, c'est tellement contemporain, tellement moderne. Il y a des milieux comme ça où la pression familiale est très forte. »
« C'est la bourgeoisie bordelaise de grands propriétaires terriens qui font une alliance pour augmenter encore leur richesse. Il y a tout un folklore qui est intéressant, mais je pense que Claude a cherché à apporter beaucoup d'intemporalité à cette histoire. »
Comment était-il? « Il était très élégant, il laissait beaucoup de liberté. La vision d'un acteur s'enrichit grâce à celle du metteur en scène. Il m'est arrivé plusieurs fois de demander à Claude ce qu'il pensait de l'état d'esprit de Thérèse. Le travail s'est surtout fait en amont; une fois, je dois dire, il m'a très peu dirigée. »
Avez-vous le même type d'échange avec vos co-vedettes? « Bien sûr. Avec Gilles, on était très impliqués, donc notre rapport a été très studieux. On a beaucoup discuté des personnages, de leur relation, on avait vraiment envie de profiter de ces rôles, de profiter de cette expérience jusqu'au bout. C'était tellement excitant. »
Thérèse Desqueyroux est distribué par Métropole Films.