Devil's Knot, le plus récent film du réalisateur canadien Atom Egoyan, prend l'affiche ce vendredi. Le long métrage raconte l'histoire vraie de trois adolescents accusés du meurtre sordide de trois jeunes garçons commis à West Memphis, en Arkansas, suivant un rituel satanique. Un avocat de la région, convaincu de leur innocence, tente de réunir les preuves qui pourront les disculper.
Colin Firth et Reese Witherspoon, incarnent les deux personnages principaux, tandis que Dane DeHaan, Kevin Durand, Judd Lormand, Bruce Greenwood et Mireille Enos complètent la distribution.
Atom Egoyan, qui a aussi réalisé Exotica, Where the Truth Lies et Chloe, entre autres, met cette fois-ci en scène une histoire vraie dont le dénouement n'est pas encore connu. « Que cette histoire ne soit pas résolue est remarquable. Les trois coupables ont signé un accord avec les autorités afin d'être libérés en 2011 ce qui confirme que la Couronne avait assez de preuves pour les condamner, même s'ils proclament toujours leur innocence. Il y a des gens qui croient toujours que ces garçons sont coupables, je trouve que c'est absurde. »
« C'est insensé de croire qu'ils sont toujours coupables, mais en même temps c'est pratique, parce que ce sont des crimes tellement horribles. Il y a 20 ans, lorsque les garçons ont été retrouvés, dans une communauté qui croit que le diable est partout, c'était pratique de croire que ces adolescents étaient des démons. »
Ils y ont cru pour expliquer ce qui est rationnellement inexplicable? « Exactement. Ils se sont tournés vers les superstitions, car toutes les preuves sont circonstancielles; personne ne sait ce qui s'est passé dans cette forêt. On ne saura jamais ce qui s'est passé, et je suis convaincu que ça demeurera toujours mystérieux. C'est un territoire fascinant à explorer dramatiquement. Il faut travailler avec les acteurs pour explorer ce doute, cette incertitude. »
La fiction vous permet-elle d'en faire plus que le documentaire? « Les documentaires ont souvent un parti-pris. Dans le cas de ces trois-là, ils désignent d'autres coupables, alors que dans un film de fiction, je peux proposer de l'ambiguïté, je peux travailler avec des acteurs professionnels pour proposer des émotions différentes, des sentiments. Il y a aussi le fait que peu de gens ont vu le documentaire, et que le film est conçu pour leur présenter l'histoire. »
Vous pouvez aussi montrer des détails plus violents des meurtres. « Les circonstances sont en elles-mêmes très violentes. Il fallait montrer la rage de la scène. On ne peut pas montrer le crime, on ne peut que montrer le résultat. »
« Je voulais aussi montrer que la police a fait de graves erreurs. Quand ils ont trouvé les corps, plutôt que d'appeler les spécialistes des scènes de crime, ils ont bougé les corps, détruit des preuves. Mais j'espère aussi que j'ai montré pourquoi ils font cette erreur, émotivement, ce qui ça signifie de trouver ces corps et ce que le policier ressentait. C'est une petite ville, les détectives n'ont jamais vu quelque chose comme ça. »
Comme il y a beaucoup d'éléments d'information, vous utilisez les mentions écrites pour expliquer le contexte. Comment l'avez-vous décidé? « Très difficilement. Je ne voulais même pas indiquer que c'est basé sur une histoire vraie, mais nous avons eu le sentiment que les gens devaient savoir que cette histoire est vraie. Mon habitude est de laisser le spectateur sans indication, mais c'était trop cruel. Habituellement, je résiste, dans mes propres films je n'indiquerais jamais à quelle époque on est. Je ne le regrette pas aujourd'hui, car je crois que les spectateurs doivent savoir. »
Devil's Knot est distribué au Québec par Remstar.