Monia Chokri présente son troisième long métrage dans les salles ce vendredi.
Simple comme Sylvain raconte l'histoire de Sophia, une professeure de philosophie de 40 ans qui, après avoir passé 10 ans de sa vie avec un intellectuel, décide de rompre sur un coup de tête pour aller refaire sa vie avec un gars de la construction qu'elle vient tout juste de rencontrer. Sophia et Sylvain proviennent de deux classes sociales bien différentes. Bien qu'ils s'aiment éperdument, ils constateront rapidement que bien des choses les séparent.
Est-ce que l'amour est suffisant pour bâtir une relation saine? C'est la question à laquelle s'évertue de répondre la réalisatrice.
Nous nous sommes récemment entretenus avec elle, qui nous a parlé avec passion de son plus récent projet.
Voici huit choses qu'elle nous a apprises sur son oeuvre, dont vous pouvez lire nos impressions ici.
- 1 - Après La femme de mon frère, Monia Chokri voulait faire un film d'amour,« [...] notamment parce qu'on a peu de films d'amour dans notre cinématographie récente. »
« J'ai commencé à l'écrire il y a six ans et le couple était un concept qui m'étouffait. Est-ce que le couple est un système social, économique et politique avant d'être un acte d'amour? C'est récent dans l'histoire de l'humanité que l'amour est intégré au couple. C'est depuis les années 1960, voire 1970.
Je me suis demandé qu'est-ce qui m'agaçait, qu'est-ce qui m'enchainait? Il y a eu un ricochet dans ma tête où j'ai commencé à réfléchir sur l'idée [...] de deux personnes, qui viennent de milieux sociaux-économiques complètement différents. Est-ce que l'amour survie au concept du couple? » -
2 - La réalisatrice a choisi l'une de ses meilleures amies, Magalie Lépine-Blondeau, pour jouer sa protagoniste. « C'est une femme qui a beaucoup d'acuité, qui est très intelligente, très cultivée, très profonde. Je ne lui ai pas proposé immédiatement, mais elle traînait dans ma tête depuis longtemps.
Je voulais une femme intellectuelle qui se voit belle parce que ça fait partie des clichés : une femme intellectuelle qui n'est pas belle à l'écran. Je trouvais ça erroné. Magalie, elle allie à la fois ce côté très sensuel et cérébral. »
- 3 - Parmi ses scènes préférées, Monia Chokri mentionne la scène de rupture « entre Sophia et son premier compagnon, Xavier ».
« Je la trouve dure, et extrêmement adulte. Je suis fière de l'écriture de cette scène-là. J'aime comment la partition est écrite et je trouve que Francis [-William Rhéaume] et Magalie sont vraiment très forts dans cette scène-là. Je trouve ça beau aussi la lumière d'André [Turpin, le directeur photo]. » - 4 - Monia Chokri a voulu dépeindre deux classes sociales sans tomber dans le cliché. « J'ai dû user de délicatesse parce qu'il y a un groupe social auquel je n'appartiens pas, celui de Sylvain. C'était plus simple pour moi d'être un peu plus caustique sur mon milieu, celui de Sophia.
Il ne fallait pas non plus qu'ils soient complètement aux antipodes. Personne n'aurait cru à un gars vraiment colon et une fille vraiment pincée. J'essayais toujours d'user de tendresse envers eux et envers leur histoire pour enlever toute forme de cynisme. Mais, c'était un vrai fil de fer, j'étais parfois sur un mot, à une coupe en montage. C'est là qu'était le plus grand défi du film. Un mot, et on n'allait plus y croire. » - 5 - La réalisatrice a opté pour de la musique des films d'amour des années 1970 et 1980, par exemple du Francis Lai, comme trame sonore. « On était dans des références très "marshmallow". Je voulais de l'orchestration aussi. [...] Je trouve que la musique confère énormément de romantisme au film, elle est vraiment importante pour donner une envolée lyrique. »
- 6 - Monia Chokri a choisi de ne pas montrer le corps nu de son héroïne, mais plutôt de tourner la caméra vers l'homme. « Pour moi, c'était primordial qu'on soit au coeur de son désir à elle. Mais, il a fallu que je me déconstruise moi-même dans ce que ça signifiait, parce que moi aussi j'ai été élevée avec l'idée qu'un corps de femme est plus beau que celui d'un homme. Pour moi, ça, ce sont toutes de fausses pistes pour objectiver les femmes. Le corps d'un homme aussi est désirable. »
- 7 - Magalie Lépine-Blondeau a convaincu Monia Chokri de jouer un rôle dans son propre film. Elle incarne Françoise, la meilleure amie de Sophia. « Ça ne nous était jamais arrivé de jouer ensemble », indique la comédienne.
- 8 - Monia Chokri a réécrit la fin quelques jours avant le tournage. « On trouvait toutes les deux que la fin n'était pas tout à fait juste, à la lumière de ce que nous avions tourné. Je ne savais pas trop comment la jouer. Elle m'a dit de conserver cet état-là. Elle est pleine d'émotions comme on l'est à des moments cruciaux de notre vie, il y a une part de libération, une part de vertige, de deuil et tout ça en même temps. J'ai joué beaucoup de choses. Donc, ça donne ça comme impression au spectateur, elle voulait qu'on se laisse sur un point d'orgue. La fin est ouverte. »
Simple comme Sylvain prend l'affiche partout au Québec ce vendredi 22 septembre.