Je dois avouer d'abord que je n'ai pas vu les vingt dernières minutes du long métrage. Je devais changer de salle si je voulais avoir la chance d'assister au visionnement de Dallas Buyers Club (le TIFF est une suite de choix déchirant pour un journaliste). Évidemment, comme il s'agit d'une histoire vraie, je connais la fin, mais je ne l'ai pas vue dépeinte à l'écran... Cela étant dit, il ne m'est pas nécessaire de voir l'entièreté de l'oeuvre pour affirmer que 12 Years A Slave est un film extraordinaire.
Steve McQueen a su se tisser rapidement une place particulière dans le coeur de bien des cinéphiles grâce à ses deux premiers longs métrages; Hunger et Shame, qui mettaient tous deux en vedette Michael Fassbender (qui fait aussi partie de la distribution de 12 Years A Slave). Dès les premiers instants, on sait que ce film sera difficile à supporter. Les dizaines de coups de fouet qu'on inflige au héros au début de la production, et le bruit de ces derniers qui résonnent sur les murs de sa cellule d'isolement m'ont donné froid dans le dos, et même des frissons d'horreur. Le réalisateur a cette faculté de faire ressentir les émotions à son public, de les mettre au coeur de l'histoire, de la situation, morale ou amorale. Un sentiment d'impuissance ressort aussi de ce film. On aimerait croire que cette histoire n'est pas un fait vécu, même si on sait très bien qu'elle l'est.
Les acteurs sont tous sublimes. Chiwetel Ejiofor est très convaincant dans le rôle principal, et Fassbender décoiffe sous les traits d'un propriétaire d'esclaves alcoolique et imprévisible. Lupita Nyong'o, qui était magnifique hier le tapis rouge avec sa longue robe blanche, est aussi une révélation.