Le film Le plongeur voit enfin le jour, après plusieurs années de travail acharné pour porter à l'écran ce roman marquant de Stéphane Larue, best-seller au Québec.
Dans la foulée de la sortie en salles du long métrage, nous avons pu nous entretenir avec son réalisateur, Francis Leclerc, qui signe ici l'une de ses grandes oeuvres en carrière, de même que l'interprète principal, Henri Picard. Voici ce que nous avons pu apprendre sur ce long métrage à voir.
1 - C'est immédiatement en lisant le livre que Francis Leclerc a vu la possibilité de faire un film, il y a six ans : « J'ai lu le livre quand il est sorti. Début 2017. Le livre est sorti en 2016 à l'automne. Ma blonde m'a tendu le roman en me disant "Je pense qu'il y aurait un film à faire avec ça, je pense que tu pourrais être intéressé." Je l'ai lu en pensant que ça pourrait déjà être un film, parce que j'ai confiance en l'opinion de ma blonde. Bref, j'ai adoré ce roman-là et je n'étais d'ailleurs pas le seul à vouloir faire un film avec ça. Il y a eu une compétition pour aller chercher les droits d'adaptation. Par une série de beaux hasards, j'avais écrit un mail à Stéphane Larue lui disant que moi j'aimerais adapter ce roman-là. Ma proposition lui avait beaucoup plu et ça lui a donné envie de travailler avec moi, ou du moins de me confier l'adaptation. »
2- L'écriture du scénario, avec Éric K. Boulianne, a pris quatre ans : « Ce n'est pas quatre ans intense. Tu déposes, tu attends, tu es refusé, tu retravailles. C'est par séquence que tu travailles un scénario », indique le scénariste et réalisateur Francis Leclerc.
3- Le film implique avec un plan-séquence qui vaut la peine d'être vu sur grand écran : « Je voulais que, dès le début, il y ait une immersion totale. Le premier plan c'est le rond du gaz, ça fait comme un oeil. J'ai toujours dit à mon concepteur sonore que c'était l'Oeil de Sauron et que je voulais une ambiance à la Seigneur des anneaux. Je voulais vraiment faire ça comme dans un monde médiéval, comme si on est sur un champ de bataille. On dévoile chaque personnage pour arriver au plongeur. Et là, on rentre dans une frénésie de deux trois minutes où on fait couper, couper, couper. On voit tout ce qui se passe. Je voulais régler le côté cuisine dès les premières minutes, pour que l'attente des gens qui ont lu le livre soit comblée, qu'ils achètent la cuisine dès le départ. »
4- Plusieurs ajustements ont dû être faits au scénario pour porter cette histoire au grand écran, comme nous l'indique Francis Leclerc : « On a essayé de rendre justice au roman, mais en prenant, pas des raccourcis, mais des choix très clairs. En essayant de résumer 566 pages en deux heures de film. [...] En cours de route, on a laissé tomber beaucoup de personnages. On a mergé des personnages ensemble. L'exemple que l'on donne, parce que c'est plus évident, Bob le chef c'est un personnage important du roman, mais nous dans notre structure, c'est comme s'il n'y avait pas de place pour un autre gars qui lui donne des conseils. Donc on a un peu donné de Bob le chef à Bébert. On a pris des libertés sur d'autres affaires. Le personnage de Greg a pris plus de place dans le film, ça nous prenait un méchant sympathique pour que notre ami le plongeur aille dans le côté sombre de lui plus rapidement. On a accentué un peu les travers de Greg, toujours avec l'accord de Stéphane Larue.'
5 - C'est Marc-André Grondin qui fait la narration du film : « Ça prenait le recul d'un gars de 40 ans, l'âge de Stéphane Larue. N'importe quelle voix d'un jeune homme de 19 ans n'a rien à voir avec celle d'un gars de 40 ans. Ça prenait une maturité, quelqu'un qui comprend vraiment ce qu'il dit. [...] J'ai fait des tests avec Henri, mais ça ne marchait pas, pas qu'il n'est pas bon, mais il n'a pas la voix d'un homme de 40 ans. C'est vraiment de la maturité. La voix de Marc-André collait bien à notre plongeur, avec un recul de 15-20 ans. »
Une scène du film Le plongeur - Immina Films6 - La musique y joue un rôle essentiel et un budget important a été consacré à l'achat de droits d'auteurs. On peut y entendre autant du metal que des groupes comme Radiohead, Chemical Brothers, Prodigy, en plus de musique québécoise qui rappelle l'époque : « Il y avait une grosse playlist, à la base du roman. Il y a un travail d'épluchage de vraies chansons inspirées de la vie de Stéphane Larue. Après, il y a eu l'étape du scénario où Éric et moi on a mis ce qu'on pensait être le mieux pour notre rythme. Après, en cours de montage, ça s'est vraiment placé. RadioHead est apparu vraiment tard dans le montage. C'est vraiment du feeling à ce moment-là et on a bâti la trame sonore de notre film, et non pas du roman. C'est devenu un peu moins death metal, un peu plus techno, en gardant du metal, bien important. Pour Metallica, on est allé chercher un hit très très mollo. Mais je pense qu'on va faire plaisir aux fans. [...] Je pense que la grande star de ce film-là, c'est la musique, elle ceinture bien l'univers du Plongeur. »
7 - La cuisine du restaurant n'existe pas réellement. Elle a été montée de toutes pièces en studio, comme nous l'explique le réalisateur : « La grande solution à ça, ç'a été de faire toute la cuisine, la salle de prep, tout le sous-sol a été fait en studio. On l'a fabriquée de a à z. Elle a été montée en studio sur des risers. On a fait passer de la tuyauterie. L'eau, le feu, tout a été pensé pour que ce soit fonctionnel. Tout cela pour 13 jours de tournage en studio. La raison était simple, toute l'équipe était en dehors des murs et les acteurs étaient à l'intérieur des murs. Tous les murs étaient amovibles et on pouvait mettre la caméra dans la face du plongeur, dans la face de Bébert. [...] On a fait des plans pendant des mois. On a fait un gros gros travail de décor. '
8 - Henri Picard a été choisi au terme de plusieurs auditions pour le rôle principal. Le réalisateur nous dit : « Ça ne s'invente pas ce charisme-là que possède Henri. Tu l'as ou pas. Ajoute à cela un talent de comédien, facile à travailler, facile à diriger, c'est quelqu'un qui est fait pour ça, qui a ça dans le sang. C'est un instinctif. Il a plein de choses encore à découvrir et à apprendre, mais il a tout ce qu'il faut pour devenir un grand comédien. J'ai auditionné plusieurs jeunes pour ça. Quand il est revenu à sa dernière audition, c'est le seul qui est revenu en menteur. Il est arrivé avec le grand sourire, mais il a compris que toutes ses lignes étaient des mensonges. Il le faisait comme si c'était la vérité qu'il disait tout le temps. »
9 - Henri Picard a fait un travail en amont pour être crédible dans le rôle du plongeur : « J'avais déjà été plongeur, le temps d'un été, à 17 ans. Je suis retourné faire une journée de plonge, une semaine avant le tournage, pour me mettre dans l'ambiance. »
10 - Le comédien, pour les scènes de plonge, portait un casque permettant de filmer dans un angle inédit. Le comédien nous dit : « C'était super lourd sur ma tête. C'était comme un casque de vélo, avec une caméra au-dessus, au-devant. Je ne voyais vraiment rien. Ça donnait un peu mal au coeur honnêtement. Je ne voyais rien, mais j'essayais de faire de mon mieux. Ce n'était pas l'idéal pour les mouvements, mais ça donne un effet que les gens vont aimer. Seulement pour les scènes de plonge. »
Le plongeur est à l'affiche partout au Québec. Lisez nos impressions sur le film ici.