Dans le cadre de la tournée de promotion du film Coeur de slush, nous nous sommes entretenus avec la réalisatrice Mariloup Wolfe, qui nous a donné de précieuses informations sur la comédie d'ados.
Voici donc 10 choses à savoir sur cette adaptation du best-seller de Sarah-Maude Beauchesne :
- La version cinématographique de 2023 a subi quelques transformations par rapport au livre, sorti en 2014. « Elle [Sarah-Maude Beauchesne, photo ci-dessous] a grandi à travers les années en ajoutant des thèmes supplémentaires qui sont dans le film et qui n'étaient pas nécessairement dans le livre à l'époque. Maintenant, elle parle de consentement, de féminisme, les thèmes qui sont vraiment d'actualité aujourd'hui », indique la réalisatrice.
- Mariloup Wolfe et son équipe ont auditionné plus de 700 jeunes filles pour trouver l'actrice qui incarnerait la protagoniste, Billie. Le choix de la production s'est finalement arrêté sur Liliane Skelly. « Elle avait un peu d'expérience, elle était dans un agence, mais très peu. C'est son premier grand rôle. »
« Les expériences diffèrent. Il y a Camille Felton [qui joue sa grande soeur] qui fait ça depuis toujours, et Liliane, qui commence. C'est le fun de les mettre ensemble. Elles se nourrissent l'une de l'autre. »
- Le tournage du film a eu lieu à l'automne 2022. En septembre et octobre derniers, il ne faisait pas très chaud au Québec. « Pour les comédiens, ç'a été une aventure de tourner dans cette température-là, surtout les nuits en piscine. On avait des couvertures de réchauffement, mais ce n'était pas l'idéal. »
Mariloup Wolfe nous raconte même qu'un tournage a dû être arrêté en raison du froid. « La scène où ils s'embrassent, c'était l'une des plus froides. Ce qui fait qu'à un moment donné, ça n'avait plus de bon sens qu'on les laisse dans la piscine. J'avais très peu de plans de faits. J'avais tous les plans extérieurs de la piscine, mais dès qu'ils entraient dans l'eau, je n'en avais que deux. On a arrêté le tournage, donc j'ai fait des "plates", ce sont des images fixes du décor pour les refaire en studio. Donc, deux mois plus tard, on est retourné en studio et on a refait la scène de la piscine avec les images "plates". »
- Mariloup Wolfe a fait beaucoup de recherches de couleurs pour son film. « Le bleu et le rouge sont des couleurs dominantes. Le bleu : les yeux de Pierre, les piscines, son imaginaire quand elle plonge. Le rouge : les maillots de bain, le sang, le coeur, l'amour. Elles se côtoient même au niveau de la direction artistique, soit au niveau des costumes ou dans les décors. Outre ça, même dans l'éclairage, quand elle est en danger, elle est plus dans la lumière rouge, quand elle est bien, c'est plus dans la lumière bleue. Parfois, comme au karaoké (image ci-dessous), les deux couleurs se côtoient. La lumière verte, elle, c'est plus un "safe space". »
- La petite voiture jaune de Billie est presque un personnage principal dans le long métrage. « J'avais vraiment une idée de voiture vintage. Initialement, dans les tableaux de visualisation, c'était plus une Renault 5, mais ma comédienne conduit juste automatique, ça ne fait pas si longtemps qu'elle a son permis. Donc, ça limitait mes choix vintage. J'ai demandé à la compagnie de location de cinéma ce qu'elle avait comme petites voitures que ma comédienne pouvait conduire et ils m'ont proposé celle-là, mais elle était rouge. Je l'ai peinturé. On a hésité entre orange et jaune. On a fait plein de tests avant de trouver la bonne couleur. »
- La scène où la protagoniste fait l'amour pour la première fois a aussi été très réfléchie par la réalisatrice. « Je ne voulais pas que ce soit trop, je voulais que ce soit réaliste. En même temps, je ne voulais pas faire d'ellipses. Je ne veux pas que le spectateur soit trop mal à l'aise, mais je ne veux pas qu'il soit trop confortable non plus. Combien de coups de bassin? Parfois, je l'avais fait un peu plus long et ça créait des malaises à l'interne dans mon équipe. On me disait : "Là, c'est trop, je trouve qu'on fait du voyeurisme", donc j'enlevais deux coups de bassins. Là, on me disait : "Je suis encore mal à l'aise". Je répondais : "OK, mais mon but ce n'est pas que tu sois confortable, quand on va au cinéma, on n'est pas confortable en tout temps". »
- Elle voulait que le langage soit à la hauteur des jeunes actuels. Elle s'est donc souvent référée à ses comédiens (qui ont l'âge des personnages) afin de s'assurer que les bons mots soient employés. « Le but, c'est que les jeunes se reconnaissent à travers ça », confie-t-elle.
- Au niveau de la trame sonore, Mariloup Wolfe ne voulait pas mettre que des hits musicaux du moment. On y retrouve plusieurs reprises de succès classiques d'été ou des chansons d'amour intemporelles. C'est l'auteure-compositrice-interprète québécoise Fanny Bloom qui reprend les pièces. « Je voulais que ce soit comme la voix de Billie. Les moments où elle vit plus d'émotions sont chantés par Fanny Bloom. [...] C'était important pour moi de trouver la bonne voix, parce que tout au long elle murmure, elle fait des onomatopées pour accompagner la guitare. On voulait une voix jeune, mais éraillée un peu, je voulais qu'on ressente la douleur. »
Parmi les chansons que Fanny Bloom interprète, il y a « Quand j'aime une fois, j'aime pour toujours » de Richard Desjardins, ainsi qu'une chanson de Lily Allen et une autre d'Elvis Presley.
- Parmi les scènes coupées, il y en a une qui a davantage dérangé la réalisatrice. « On a fait un plan séquence où les filles marchent vers le village avant d'aller au party au début. C'était vraiment cool, le mouvement de caméra de A à Z. On a vraiment bien réussi. Il y avait de la figuration, c'était très beau. J'ai un petit deuil de ça, parce que j'ai travaillé fort pour le chorégraphier, mais, à un moment donné, on comprend qu'elles s'en vont au party donc on veut qu'elles arrivent au party. Pour le storytelling, de l'enlever, c'était la bonne chose à faire. »
- Attention, ne quittez pas immédiatement la salle après le dernier plan, puisque la réalisatrice a déposé quelques délicieux bloopers à la fin de son film, en hommage à cette pratique courante dans les films d'ados.
Il y a aussi un clin d'oeil dans son film à une comédie québécoise pour ados bien connue dans laquelle elle jouait. « Ç'a ri très fort dans la salle de la première à Montréal quand cette scène a joué », se rappelle Mariloup.
Coeur de slush prend l'affiche le vendredi 16 juin à travers le Québec.