Suite à l'échec retentissant des Fantastic Four, les X-Men représentent le dernier rempart viable face aux Avengers de Disney, qui comptent maintenant dans leur rang Spider-Man. Démarrée sur des chapeaux de roues avec First Class qui est le meilleur épisode de la longue série, cette nouvelle trilogie a perdu presque tout son lustre avec Days of the Future Past. Une déception qui est maintenant chose du passé avec le beaucoup plus satisfaisant et divertissant Apocalypse.
Après huit films en 16 ans, il ne faut pas s'attendre à un scénario révolutionnaire. Un grand méchant réveillé de sa sieste des derniers millénaires tente de contrôler la planète, Magnéto veut se venger des humains parce qu'il a perdu sa famille, son vieil ami Professeur X cherche à l'arrêter et le tout se règlera à coup de combats et d'effets spéciaux.
Mais quels effets spéciaux! Ils sont spectaculaires dès le début de l'aventure avec un retour jusqu'à l'Égypte ancienne et ils ne dérougissent jamais, atteignant des sommets lors de la scène de missiles. La 3D s'intègre parfaitement à l'action et aucun X-Men n'aura été aussi beau et séduisant que celui-ci. Surtout qu'il est impossible de reconnaître Montréal où la production a été tournée, ce qui n'était pas toujours le cas avant.
Orgies de cris, d'explosions, de poussières et de pyrotechnies à transformer tous les spectateurs en Cyclope, ce dernier tome remet en question le rôle de Dieu et des superpuissances pendant la Guerre froide en évitant de tergiverser comme le dernier long métrage de Captain America. Le ton est vif, sincère, honnête et incroyablement kitsch, faisant souvent hurler de rire de mièvrerie. Des moments risibles qui sont voulus au détour d'un récit mené tambour battant, mais sans aucune tension (on sait pertinemment que les gentils auront le dernier mot), d'où émane un humour qui fait un bien fou. Pas des gags méta et trop arrangés comme dans Deadpool, mais des rires niais sur fond de romance et de différence.
Revenir aux "jeunes" X-Men est une excellente idée qui porte rapidement ses fruits. Michael Fassbender (Magnéto) est un des meilleurs acteurs du moment et il livre une autre performance intense. James McAvoy (Professeur X) n'a pas son talent, mais il se démarque en empruntant une voie plus humoristique. On va même savoir comment il a perdu ses cheveux! Dommage que l'on doive se farcir ses élans du coeur avec l'énervante Rose Byrne. Clairement éteinte, Jennifer Lawrence (Mystique) se fait damer le pion par tous les gens qu'elle croise : Nicholas Hoult qui fait preuve de réserve en Beast, Kodi Smit-McPhee qui s'impose de plus en plus en Nightcrawler et même Evan Peters qui rend son Quicksilver presque supportable. Tye Sheridan amène une fougue au Cyclope et Sophie Turner une sensibilité à Jean Grey. De l'autre côté du spectre, Oscar Isaac s'amuse sans en faire trop en Belzébuth moderne et il ne fait qu'une bouchée de ses minions plus ternes (Storm et Angel). La seule exception étant l'irrésistible Psylocke (interprétée par Olivia Munn) qui doit absolument avoir un long métrage à son effigie.
Même s'il n'y a rien qui ressemble plus à un film des X-Men qu'un autre film des X-Men, Apocalypse ravira ses nombreux admirateurs, même ceux qui ont été déçus par le précédent Days of the Future Past. L'action époustouflante, les effets spéciaux renversants et les personnages attachants mènent le bal et il est plutôt difficile de s'y ennuyer. Et pas besoin de rester pendant le générique de fin parce qu'il n'y a rien. Le cinéaste Bryan Singer a fait le tour du jardin et sa licence chérie est de retour dans le droit chemin. Il peut alors retourner à quelque chose de plus constructif dans la lignée de son grandiose The Usual Suspects.