Miracle! Turbo Kid est un film de genre québécois qui fonctionne. L'idéal pour faire oublier tous les Scaphandrier, Le poil de la bête et autres Angle mort qui ont marqué notre cinématographie, mais pas nécessairement pour les bonnes raisons.
Il y a un peu, beaucoup de Mad Max derrière ce récit post-apocalyptique qui se déroule en 1997, dans un monde dystopique dévasté par la guerre où les survivants cherchent ardemment de l'eau. Entre le soleil qui ravage tout, la violence sauvage qui a le dernier mot et un être diabolique qui se promène en BMX avec un masque de hockey, l'humanité ne tient qu'à un fil. C'est là qu'apparaît Turbo Kid, le dernier espoir de la planète...
Cette quête imagée et réalisée par le collectif Roadkill Superstar (François Simard, Anouk et Yoann-Karl Whissell) représente le nirvana pour les nostalgiques des années 80. Ces geeks qui vouent un culte à Astro et aux He-Man, aux VHS et aux jeux vidéo. Il s'agit d'un plaidoyer sincère et vibrant pour cette époque d'innocence où les effets spéciaux faisaient sourire et les histoires étaient naïves.
C'est avec un coeur gros comme ça que les cinéastes reprennent à leur compte ce qui faisait la particularité de cette décennie. Porté par une trame sonore exemplaire, des emprunts truculents aux films cultes Tron, Cherry 2000 et BMX Bandits (celui où l'on retrouvait une toute jeune Nicole Kidman) ainsi qu'un esthétisme formidablement rétro, le désir est fort de s'habiller en fluo et de se crêper les cheveux.
Rien n'est à prendre au sérieux dans ce long métrage absurde et ironique qui est conscient de sa propre bêtise et de son charme indéniable. C'est d'ailleurs son principal défaut. Le film ne dépasse jamais le stade du brouillon, de l'hommage respectueux. Celui où il faut inonder/marteler le cinéphile de références dès les premières minutes et qui s'enferme trop rapidement dans son terrain de jeu au lieu d'explorer d'autres horizons.
L'ensemble est joyeusement gore et barbare, surtout pour une coproduction québécoise. Bien que l'audace ne soit pas toujours au rendez-vous, plusieurs séquences mortelles feront hurler de rire en de nombreuses occasions. On imagine sans aucun doute le public de Fantasia ou de SPASM s'extasier encore et encore.
Une fois passé ce bonheur salvateur et passager, que reste-t-il? Une trame narrative souvent chancelante qui aurait dû demeurer au niveau du court métrage, des comédiens qui ne sont pas toujours bien dirigés (la palme revient à Laurence Leboeuf qui est tout simplement atroce) et un grand méchant qui laisse à désirer (il est pourtant campé par Michael Ironside, LE démon par excellence).
Derrière le clinquant de Turbo Kid se trouve une certaine vacuité qui rend l'exercice un peu vain. L'effort est tellement lisse et vide qu'il fait passer le jouissif Scott Pilgrim vs. The World pour un exposé de philosophie. Sûrement que c'était son objectif de divertir sans trop se poser de questions, d'en mettre plein la vue et les oreilles avec ces séances loufoques de destruction et sa romance kitch. L'ambition n'est pas pour tout le monde et dans ce cas-ci, la mission est réussie. On ne parlera toutefois de rien d'autre que d'un plaisir coupable, un défouloir primaire entre deux propositions plus étoffées.