Il n'y a pratiquement plus de bons films d'horreur. Encore moins de longs métrages qui font réellement peur. Entre les séances de torture à la Saw et Hostel et les titres à faible budget sur ces caméras témoins et oubliées (de Paranormal Activity à REC en passant par V/H/S, la liste est horriblement longue), les amateurs du genre n'on aucun autre choix que de se replonger dans les vieux classiques qu'ils ont déjà vu 1000 fois.
S'en inspirer fortement serait un sacrilège. À moins d'avoir le talent du cinéaste David Robert Mitchell. Conscient que rien n'égale cette manne de productions d'épouvante des années 70 et 80, il paye un hommage sincère et senti à un de ces grands maîtres: John Carpenter. It Follows aurait d'ailleurs pu être mis en scène par ce génie horrifique à son apogée. Les séquences rivalisent de cadrages ingénieux et de mouvements de caméras soignées, multipliant les plans séquences et fixes qui ne laissent pas indifférent. La superbe musique teintée de synthétiseurs apporte un surplus d'ambiance et d'atmosphère, donnant simplement le goût de se procurer la bande sonore. Après une splendide entrée en matière qui pique instantanément la curiosité, le réalisateur et scénariste maintient la tension dans le tapis, tentant de jouer avec les attentes du spectateur au niveau des cris et des sursauts provoqués. Une certaine baisse de tension finit par se faire ressentir au bout d'une heure. Elle est cependant temporaire tant la conclusion réserve son lot de surprises et de frissons dans le dos.
Comme les plus grandes oeuvres du genre que sont The Shining, Rosemary's Baby et A Tale of Two Sisters, It Follows n'est pas seulement un exercice purement physique. Oui, il y a une héroïne qui est convaincue que des gens foncent droit sur elle et cette "présence" finit par accumuler les cadavres. Mais il y a aussi tout un cheminement psychologique et humain qui donne une profondeur aux êtres et à leurs désarrois. Notre personnage principal commence à halluciner après une relation sexuelle qui tourne mal. Elle se sent humiliée et persécutée par tout ce qui lui arrive. Alors finit-elle par imaginer cette menace qui gronde en sourdine et que personne ne semble voir? Une théorie parmi plusieurs autres qui est enrichie à la toute fin par une nouvelle donnée qui offre des munitions supplémentaires pour tout revoir une seconde fois. Surtout qu'à force d'accumuler les symboles (l'eau, par exemple) et les séances plus oniriques, il n'est pas rare de se croire chez David Lynch.
Prenant finalement l'affiche en salles grâce à son lot de critiques et de bons mots qui surviennent depuis sa première présentation au dernier Festival de Cannes, It Follows a tout le potentiel pour devenir le Halloween de sa génération. Et Maika Monroe qui en a enchanté plus d'un dans l'aussi déroutant The Guest (cet autre effort qui semble tout droit sortir des années 80) n'a rien à envier à Jamie Lee Curtis. Qui sait, peut-être qu'une suite ou un remake est déjà en chantier pour profiter de son succès...