S'il y a une série qui a mal tourné, c'est bien Terminator. Chaque nouvel épisode est moins convaincant que le précédent et après une série télévisée franchement inégale et un Salvation d'une atrocité sans nom, un retour aux sources était bénéfique et même nécessaire.
C'est justement ce que propose Genisys. La première demi-heure particulièrement nostalgique n'est rien d'autre qu'un remake terre-à-terre du tome original - et certainement le meilleur du lot - de James Cameron. En 2029, les humains sont en guerre contre les machines et John Connor (Jason Clarke) envoie son ami Kyle Reese (Jai Courtney) en 1984 pour protéger sa mère Sarah (Emilia Clarke).
Une fois qu'il débarque dans le passé, tout ce qui est arrivé dans les précédents Terminator ne tient plus. Au grand dam des puristes, la ligne temporelle a été altérée, ce qui permet aux scénaristes de se laisser aller dans les surprises et les conventions. En fait, il s'agit toujours d'une variation sur La Jetée/12 Monkeys déguisée en série B (ou Z), avec une fascinante matière première qui ne se manifeste que timidement à l'écran. Au lieu de proposer une réflexion vivifiante sur le destin, le récit passe son temps à voyager dans le temps pour des riens, complexifiant inutilement une prémisse qui est pourtant simple.
Porté par une mise en scène vitaminée d'Alan Taylor (Thor: The Dark World) qui offre des séquences explosives et des poursuites assez satisfaisantes, le long métrage répétitif au possible se veut malgré tout interminable. Combien de fois un méchant mitraillé de balles se reformera à la dernière minute ou que le gentil cyborg campé par Arnold Schwarzenegger reviendra in extremis à la vie? Trop souvent. De quoi réduire à néant toute trace de suspense.
Mieux vaut peut-être en rire qu'en pleurer. C'est justement cette voie nullement sérieuse qu'emprunte le film qui, à l'instar du troisième volet, verse régulièrement dans la parodie. Quoique souvent enfantins, les gags fonctionnent correctement et il y a toujours ces dialogues cultes que sont "Suis-moi si tu ne veux pas mourir" et "Je reviendrai" pour faire sourire.
Les acteurs adhèrent à ce ton comique et le plus compétent est évidemment le seul et unique Arnold. Le comédien avait peut-être montré une autre facette de son talent dans le solide Maggie, il renoue ici avec le style pince-sans-rire qui a fait sa marque de commerce. Dommage qu'aucun de ses partenaires de jeu ne possèdent le charisme ou la répartie pour rivaliser avec lui, si ce n'est J.K. Simmons qui campe un bien drôle de détective qui ne sert finalement qu'à peu de choses.
Ne pouvant tomber plus bas que son prédécesseur, Genisys s'avère un divertissement potable à ses heures, ce qui est déjà tout un exploit. Ce sentiment de redite au niveau des scènes d'action se veut toutefois vite lassant et il n'y a rien dans l'interprétation, la réalisation ou même la musique pour faire oublier le classique de 1984. Et comme le scénario fait table rase du passé, plusieurs amateurs de la première heure risquent de ne pas adhérer totalement à ce qui arrive. Tout le contraire du récent et très réussi remake de Robocop qui est parvenu à faire du neuf avec du vieux. Qui sait, peut-être que les deux suites qui verront le jour dans les prochaines années apporteront un autre éclairage à l'ensemble. C'est à espérer pour cette mythologie qui ressemble parfois plus à The Matrix qu'à Terminator.