S'il faut en croire son titre, Resident Evil: The Final Chapter clôt l'odyssée cinématographique de la populaire série. Six films en l'espace de 15 ans, c'est pas mal. Mais combien dans le lot ont été vraiment intéressants? Surtout à côté des excellents jeux vidéo de Capcom, dont le dernier qui vient tout juste de voir le jour continue de révolutionner le genre. Bien que le gore ait toujours été présent, ce n'est pas le cas du suspense et de l'horreur et ce n'est pas cet ultime tome qui vient changer la donne.
Il s'agit en fait d'un numéro pour les fans, qui multiplie les clins d'oeil aux épisodes précédents en retournant à Raccoon City, aux sources où s'est déployé ce terrible virus. Alice (Milla Jovovich) est toujours un modèle de survie et elle le prouvera à nouveau. En voilà une qui ne ferait qu'une bouchée de l'héroïne d'Underworld (Kate Beckinsale) et qui continue à prendre sa place dans un monde d'hommes corrompus, de clones perpétuels et de monstres assoiffés de sang.
Une grande diligence a été apportée aux pièges qui parsèment sa route, aux obstacles qu'elle rencontre. Les différents terrains de jeu sont prometteurs et la 3D aurait pu donner quelque chose de divertissant. C'était bien mal connaître son créateur et réalisateur Paul W.S. Anderson qui sabote tout en mettant sa caméra aux mauvais endroits. Le montage est si turbulent qu'on ne voit pratiquement rien de l'action à l'écran! Un grave problème lorsque ce sont les affrontements qui mènent le bal. Faut-il vraiment être surpris de l'insignifiance de sa mise en scène chez quelqu'un qui cumule les échecs, de Mortal Kombat à Alien vs Predator, en passant par le remake de Death Race et Pompeii?
Le cinéaste n'est pas un meilleur scénariste. Il n'a aucun lien de parenté avec Paul Thomas Anderson ou Wes Anderson et ça paraît. Le voilà à nouveau en mode recyclage, épuisant toutes les idées des aventures antérieures avec ses allusions religieuses. Il y avait pourtant matière à surprendre. Les références sont nombreuses (Romero, Raimi, Boyle) et s'il ne voulait pas lorgner la série Walking Dead, il aurait pu au moins prendre le pouls de ce qui se fait sur le marché. Seulement l'année dernière, Yeon Sang-ho a offert Seoul Station et Train to Busan, deux solides opus qui montrent les zombies différemment.
Comme toujours dans ses productions survitaminées, les dialogues risibles sont nombreux (pourquoi ne pas les enlever, comme c'est le cas de l'introduction) et le développement des personnages complètement nuls. Qu'ils vivent ou qu'ils crèvent, personne ne se soucie de leur sort. Cela donne des interprétations grotesques et on ne peut qu'avoir un pincement au coeur pour la pauvre Milla Jovovich. Elle était tout à fait à sa place dans The Fifth Element et Jeanne d'Arc de son amoureux de l'époque (Luc Besson). Son époux actuel (Paul W.S. Anderson) ne tente jamais d'exploiter son talent et ça, c'est regrettable.
Alors qu'on pouvait s'amuser devant le risible Retribution qui relevait du navet total, The Final Chapter se prend davantage au sérieux, affichant une ambition qui lui sied mal. Tout y est tellement convenu que ce sont seulement les ardents admirateurs qui risquent d'y trouver satisfaction. Mais comme chaque volet fait plus d'argent que le précédent et que la fin est ouverte, il ne faudra pas se surprendre qu'on revisite cet univers dans un avenir rapproché. Un remake serait la meilleure des choses, en respectant davantage l'essence des jeux originaux.