Dany Boon est un peu comme Jim Carrey ou Jerry Lewis à une autre époque. On l'aime ou on le déteste, selon s'il en met peu ou beaucoup. À ses débuts (Joyeux Noël, Mon meilleur ami), il ne prenait pas toute la place, étant souvent le second violon savoureux du héros. Mais depuis l'immense succès de Bienvenue chez les Ch'tis en 2008, le comédien en mène large. Lorsqu'il est bien dirigé comme dans Micmacs à tire-larigot et Le code a changé, c'est un plaisir de le voir jouer. Il a cependant tendance à être excessif, ce qui rend les Rien à déclarer et Un plan parfait pratiquement impossibles à regarder.
Dans Radin!, il prête ses traits à un autre être compulsif, mais pas de manière aussi lassante que dans l'horrible Supercondriaque. Il est plutôt dans l'économie de moyens, ce qui tombe bien, car il incarne un être extrêmement cheap : encore plus que le mythique Rénald (Marc Labrèche) de La Petite Vie. Un pingre de la pire espèce qui s'humanisera malgré lui devant une amoureuse potentielle (Laurence Arné) et une femme (Noémie Schmidt) qui prétend être sa fille.
Boon qui est présent dans presque toutes les scènes comprend à la perfection cette partition somme toute limitée et il offre une prestation enjouée. On le sent plus inspiré que dans le récent Lolo où il s'avérait malgré tout le seul point positif de l'exécrable création de Julie Delpy. Surtout qu'il est bien entouré. La gaucherie irrésistible de Laurence Arné pourrait bien lui valoir une invitation à se joindre à la troupe d'Emmanuel Mouret alors que Noémie Schmidt ne manque pas de fraîcheur avec ce personnage qui prend facilement ses aises et qui fait écho au rôle qu'elle défendait dans l'ordinaire L'étudiante et Monsieur Henri.
Évidemment, le bât blesse lorsqu'on demande au scénario de sortir des sentiers battus. Le mélange entre humour et drame n'est pas totalement au point et les gags répétitifs sont de qualité bien variable. On s'y amuse pourtant, le sourire ne quittant que rarement les lèvres, en étant conscient que le tout est bien prévisible et qu'on risque de l'avoir déjà oublié en quittant la salle. Abandonnant momentanément le thriller pour quelque chose de plus léger et ludique, Fred Cavayé (à qui l'on doit l'efficace Pour elle, le plus quelconque À bout portant et un segment du consternant Les infidèles) est plutôt à l'aise derrière la caméra même s'il ne signe pas une réalisation à tout casser.
Quelle n'est pas la surprise de désenchanter complètement à 15 minutes de la fin! C'est là que le récit devient mielleux et sirupeux, se complaisant dans le mélo de bas étage. Celui qui fait tout pour soutirer une larme. Un élément "surprise" arrive comme un cheveu sur la soupe, bousillant tout le plat, s'avérant nullement crédible. Du coup, le film ne devient qu'un simple prétexte moralisateur sur les bienfaits « d'apprendre à donner pour recevoir en retour ».
Radin! est loin d'être aussi mauvais que les derniers longs métrages mettant en vedette Dany Boon. Il vient même à un quart d'heure près d'être un divertissement honorable et recommandable. Le plus difficile au cinéma est souvent de réussir sa finale et lorsque ce n'est pas le cas, c'est ce faux pas - immense ici - qui reste en travers de la gorge et pas la franche rigolade qui prévalait jusque-là.