Faire un film sur Monster Trucks, c'est s'imaginer des poursuites folles, de grosses voitures qui se rentrent dedans et de la casse du début à la fin. Cela aurait sans doute fait un meilleur long métrage que ce que propose cette production. Parce que le scénario est un des plus pitoyables que le cinéma hollywoodien ait offert depuis des lustres.
Il est plutôt question de monstres qui s'échappent des entrailles de la terre après un forage pétrolier qui a mal tourné. Pour fuir les méchants pollueurs, une de ces créatures devient amie avec un adolescent rebelle et il est capable de donner vie à l'automobile de ses rêves qu'il tente de réparer. Ce n'est que le début d'une histoire ridicule où chaque idée nouvelle est encore plus insignifiante que la précédente. Ce que peut faire cette créature et surtout les humains qui l'entourent est d'une stupidité profonde qui est presque fascinante à observer.
Avançant allègrement dans le navet total qui ne peut que faire sourire, Monster Trucks détruit tout sur son passage. Le réalisateur Chris Wedge avait un semblant de carrière avec ses satisfaisantes animations Ice Age, Robots et Epic et il vient de la saboter complètement à travers cette création qui a coûté plus de 100 millions de dollars. Tous les acteurs sont indigestes et c'est presque impardonnable de voir les talentueux Lucas Till, Jane Levy, Barry Pepper, Rob Lowe, Danny Glover et Amy Ryan réciter des dialogues aussi misérables. Ils ne font pas le poids face à la véritable vedette du récit: une entité visqueuse issue d'un amalgame entre une pieuvre, un requin et un hippopotame. Sans doute qu'elle peut y aller de facéties mignonnes, cela ne la rend pas attendrissante pour autant.
On imagine très bien ce que les auteurs ont voulu faire. Sauf que rendre hommage à la naïveté des années 80 et ressortir un E.T. des boules à mites n'est pas donné à tout le monde. Le résultat final n'est même pas du calibre de Mac et moi. Il s'agit plutôt d'un croisement inopérant entre Finding Dory, Speed Racer et les Transformers, où les effets spéciaux affligeants font rire, mais jamais pour les bonnes raisons. Stephen Chow était passé par là sur ses réussis CJ7 et The Mermaid en jouant à fond la carte du kitch pleinement assumé, du slapstick et de l'absurdité chronique. Monster Trucks est beaucoup plus gentil et inoffensif en visant les tout-petits avec ses péripéties bon enfant et ses mièvres leçons écologiques.
Rejoignant cette liste de films «tellement mauvais qu'il faut presque aller les voir pour témoigner de leur bêtise» (le dernier en liste était Collateral Beauty), Monster Trucks amuse avec parcimonie tout en faisant peur pour la suite des choses. Si le succès est présent, on assistera à la naissance d'une franchise à coup sûr. Et dire que le scénariste de cette chose travaille actuellement à l'écriture de Star Wars: Episode IX. Cela n'augure rien de bon.