Depuis que Len Wiseman a créé Underworld en 2003, les suites se sont multipliées comme des lapins, le sang a giclé abondamment... et on attend toujours avec impatience le premier bon film de la série. Ce n'est pas Blood Wars qui remplira cette tâche, même s'il est loin d'être le pire épisode du lot.
L'histoire est toujours la même. Le conflit entre les vampires et les Lycans est sans fin et tous s'entendent pour faire la peau à Selene, une vampiresse intraitable qui a pris soin de mettre sa famille en lieu sûr. Lorsqu'un méchant chef des loups-garous menace l'équilibre déjà vacillant, tout peut arriver.
Ce sont malheureusement des péripéties répétitives et interchangeables qui apparaissent au tournant. Des trahisons familiales qui rappellent que la soif de pouvoir est légion, des dialogues qui pourraient être écrits par des robots zigotos et de l'action à revendre, question de cacher la fadeur du propos. On a beau se trouver devant le cinquième de la licence, rien n'y change.
Surtout que cette fois-ci, il n'y a presque personne pour bien entourer la mécanique Kate Beckinsale, pourtant géniale dans le récent Love & Friendship. Si les tomes précédents pouvaient compter sur Michael Sheen, Bill Nighy, Scott Speedman et même Derek Jacobi, toute l'attention est encore ramenée à Theo James, encore plus fade que dans la série Divergent. Pour le reste, il y a plein de pseudo guerriers qui froncent les sourcils, mais qui sont aussi inoffensifs que des brebis, et Tobias Menzies de Game of Thrones qui interprète un méchant qui fait pitié. De quoi regarder uniquement Lara Pulver qui étonne en vampiresse ambitieuse et diabolique.
L'apport de la nouvelle venue Anna Foerster derrière la caméra propose cependant un peu de fraîcheur. La réalisation est plus compétente que d'habitude à défaut d'être habitée et les scènes de combats sont mieux filmées, plus spectaculaires à regarder. On est loin d'Underworld: Awakening. Il y a une aisance dans la mise en scène qui fait du bien, une légèreté qui rappelle de ne rien prendre au sérieux au sein de cette série B bourrante.
Ce n'est évidemment pas une raison pour étirer la sauce, dont seuls les fans ardents risquent d'y trouver encore satisfaction. Surtout que la finale réjouissante où l'héroïne mentionne que «la boucle est enfin terminée» laisse la porte grande ouverte à une suite. Eh oui, encore une. Sans compter que Wiseman a évoqué la possibilité d'un reboot et d'une série télé...
Il y a pourtant matière à rendre le tout intéressant. En embauchant par exemple un ou une cinéaste qui a véritablement une vision. En donnant des couches de profondeur aux personnages. Et en ne misant pas toujours tout sur les confrontations, les effets spéciaux et la 3D inutile. À moins que ça soit plus simple de croiser Underworld avec Resident Evil, cette autre série moribonde décuplée à l'infini qui met en vedette une femme forte campée par une fabuleuse actrice athlétique de plus de 40 ans. On imagine déjà le succès de cette future franchise féministe qui serait une excellente compétition aux Avengers et autres Batman V Superman.