Les duos dépareillés dans les films policiers s'avèrent un genre en soi. Ce n'était pourtant pas le cas lorsque Akira Kurosawa a inventé ce style à la fin des années 40 avec son trépidant Stray Dogs. Il a fallu attendre les années 80 et le toujours efficace 48 Hours pour partir le bal. Une mode qui a atteint des sommets avec Miami Vice, Lethal Weapon et qui se refait sentir toutes les décennies, que ce soit par Rush Hour ou Bon Cop Bad Cop.
Le point de saturation était atteint depuis belle lurette à la sortie de Ride Along en 2014, un long métrage pétri de clichés qui a remporté un surprenant succès populaire. À tel point qu'un second tome a vu le jour. Une suite calquée sur son prédécesseur, plusieurs scènes étant reprises de façons identiques dans de nouvelles péripéties. Déjà que le sentiment de déjà-vu était fort, il atteint ici des sommets.
Cette formule prédigérée où l'action et le rire s'articulent autour d'une famille dysfonctionnelle et d'une intrigue policière plonge à nouveau le verbomoteur Ben (Kevin Hart) et son futur beau-frère James (Ice Cube) dans une enquête sous fond de gros mots, de balles perdues et de coups de poing qui partent tout seuls. Une histoire rudimentaire réalisée avec dynamisme, mais sans génie par Tim Story (on lui doit également le premier épisode et une dizaine de films jamais totalement réussis) qui espère fortement que les comédiens sauvent le mauvais script par leur chimie et leur improvisation.
Ce ne sera pas le cas, bien que la qualité de l'interprétation du duo en place s'avère le principal aspect positif de toute cette galère. Kevin Hart prend beaucoup de place au cinéma depuis quelques années et il fait l'impossible pour devenir le Eddie Murphy de sa génération. Il risque bien d'y parvenir avec son humour irrésistible. Plus renfrogné et pince-sans-rire est le tout en contraste Ice Cube qui lui renvoie la balle sans aucune délicatesse. C'est lorsqu'on mêle un troisième personnage que la situation s'envenime. Ken Jeong est généralement énervant et il se laisse encore aller au cabotinage. De quoi lui préférer la ravissante Olivia Munn de la série Newsroom qui incarnera Psylocke dans le prochain X-Men. Benjamin Bratt fait un bien piètre méchant, n'arrivant pas à la cheville de Laurence Fishburne qui l'a précédé. Ce qu'on s'ennuie de l'époque des vilains en or, comme celui qu'incarnait Alan Rickman dans le premier Die Hard!
Sorte de Bad Boys du 21e siècle sans la touche vitaminée et divertissante de Michael Bay (c'était tout de même sa meilleure création en compagnie de The Rock), Ride Along 2 est une ballade routinière à peine distrayante qui ne fait aucun effort pour échapper aux conventions. La production est tellement générique et inutile qu'elle donne raison à tous les 21 Jump Street de s'en moquer allègrement. Seuls les amateurs de Kevin Hart risquent d'y trouver leur compte.