J'ai parfois franchement l'impression que l'on prend plaisir à s'amuser de notre naïveté. Bien sûr, l'amour est un sujet immortel, qui traverse les âges et concerne la plupart d'entre nous, mais les tangentes que prennent le récit des films romantiques, les dénouements qui s'enfoncent dans un abrutissement bien au-delà du prévisible, me font douter des véritables intentions des cinéastes. Assurément, on veut divertir le public, lui faire oublier ses échecs amoureux, lui faire croire à la maxime « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants », mais sans certains éléments nouveaux, sans, du moins, cette synergie entre les deux protagonistes qui nous fait croire à l'absurdité de leur providence, nous ne sommes que les cobayes d'une tentative de bénéfice pécuniaire.
Sophie est recherchiste pour un important quotidien new-yorkais. Lors d'un voyage avec son fiancé à Vérone, elle découvre une lettre adressée à Juliette entre les briques du mur de sa présumée résidence. Elle décide de lui répondre malgré le fait que la missive date de plus de cinquante ans. L'auteur de la lettre, Claire, atterrit quelques jours plus tard avec son petit-fils Charlie en Italie pour tenter de retrouver l'homme de sa vie, qu'elle a abandonné de nombreuses années plus tôt. Sophie décide alors de les accompagner à travers l'Italie pour tenter de retracer celui qui a fait fondre le coeur de Claire il y a si longtemps.
Au contraire d'Année bissextile (une autre comédie romantique parue récemment sur les écrans) qui utilisait l'Irlande comme une vulgaire toile de fond à une puérile romance, Lettres à Juliette met à profit la beauté du paysage italien, son vaste territoire et la richesse de sa culture (même si bien sûr on abuse allégrement des préjugés - pâtes, vin, charme - accordés à l'Italie). Si le film nous apporte une chose, ce serait ce désir de visiter ce pays magnifique, de se perdre dans ses chemins escarpés, de parcourir son architecture et son histoire.
Qui dit comédie romantique américaine dit clichés, coïncidences puériles et montages visuels stéréotypés (il existe fort heureusement des longs métrages qui n'obéissent pas à ce principe, comme (500) Days of Summer, mais ils sont si peu nombreux qu'on a tendance à ne pas les considérer). Le prince charmant sur son cheval (qui n'est qu'en fait qu'un vieil agriculteur de 60 ans), les amoureux qui s'embrassent sous les étoiles (précédé d'un horrible montage alterné entre des bulles de champagne et des étoiles) et le fils orphelin qui trouve réconfort dans les bras de son aînée sont assez de stéréotypes pour convaincre définitivement le public du manque de personnalité de ces oeuvres légères censées raconter l'amour.
Amanda Seyfried, que l'on voit sur tous les écrans depuis quelques mois, donne une performance respectable vu la familiarité du personnage qu'elle doit incarner. Son acolyte Christopher Egan (version britannique de Ryan Phillipe à l'époque de Cruel Intentions) est également assez juste dans son jeu, mais encore une fois, rien pour prouver au public l'étendu de son talent (s'il existe seulement).
Lorsqu'un film déclare avec vigueur que l'un des plus grands plaisirs de la vie est de se faire brosser les cheveux (?!?), il ne faut définitivement pas s'attendre à être instruit ou même attendri. Il y a des millions de façons de rapporter le sentiment amoureux, de l'exprimer à l'écran, mais, ce qui est certain, c'est qu'il ne suffit pas de citer William Shakespeare et d'engager Amanda Seyfried. Ce serait beaucoup trop facile!
Il y a des millions de façons de rapporter le sentiment amoureux, de l'exprimer à l'écran, mais, ce qui est certain, c'est qu'il ne suffit pas de citer William Shakespeare et d'engager Amanda Seyfried.
Contenu Partenaire