Les enfants. Phénomène aussi réjouissant qu'étrange, les enfants sont la cause et la conséquence de plusieurs décisions que prennent les adultes, y compris, mais sans s'y limiter, les films qu'on choisit de regarder. S'ils s'amusent, cela ensoleille toute la pièce et les adultes oublient leurs problèmes, sinon, tout est à recommencer. Il faut donc évaluer Les vacances du Petit Nicolas selon sa capacité à divertir les jeunes, ce qui n'est pas une mission aisée.
Lors de sa sortie il y a quatre ans, Le petit Nicolas avait connu un fort succès en France (5,5 millions d'entrées) et avait aussi rejoint un public québécois respectable. Le film dégageait un charme suranné et proposait un récit assez efficace, quoique sans invention. Charmant et inoffensif, dirait-on. En premier lieu, il est regrettable de constater que la suite, réalisée à nouveau par Laurent Tirard, n'atteint pas le même niveau de qualité.
Le sympathique personnage créé par Goscinny et Sempé est ici la vedette d'une suite de sketchs plus ou moins liés entre eux, si ce n'est par l'humour très très juvénile et très physique, basé sur le dégoût, la peur et les malentendus. Une mécanique qui devient vite redondante et qui demeure élémentaire, alors que quelques essais plus inventifs tombent tout simplement à plat. De plus, le long métrage s'étire inutilement, nous forçant à passer un long moment de malaise devant une Valérie Lemercier inquiète souhaitant se faire dire qu'elle est encore belle malgré ses 50 ans. Un malaise qui persiste d'ailleurs lors de la longue finale incongrue où on organise un bal masqué où personne n'est masqué, sauf deux personnages, et exclusivement pour le gag (un des plus prévisibles de l'ensemble).
C'est d'ailleurs l'impression générale qui ressort des Vacances du Petit Nicolas : tout pour le gag. Le récit est mené par la nécessité du prochain gag plutôt que par un récit valable, et on a vite l'impression que rien n'a d'importance sinon la prochaine tentative d'humour maladroite avec ce garçon qui mange tout ce qui lui tombe sous la main. Ce n'est pas une coïncidence si la plupart des enjeux sont abandonnés en cours de route une fois les gags épuisés, pas plus qu'il n'est anodin de constater que la réalisation de Laurent Tirard, pourtant un réalisateur très capable, demeure anonyme.
Résultat, le tout est vite redondant, et prévisible. On est ici en face du cas typique du film pour enfants : peut-on encore, de nos jours, ne s'adresser qu'aux jeunes? Car il ne fait aucun doute que les parents n'y trouveront pas leur compte face à cette suite de blagues puériles et parfois simplement de mauvais goût (voir la scène de la douche). Mais les enfants, eux? Même en espérant, il n'est pas certain que l'expérience leur sera mémorable.