The Blair Witch Project est un des longs métrages les plus rentables de l'histoire du cinéma. Avec un budget de 60 000$, il a remporté près de 250 millions de dollars. Surtout qu'en 1999, à une époque où l'Internent n'avait pas encore transformé la face du monde, ses réalisateurs Daniel Myrick et Eduardo Sanchez avaient réussi à faire croire à plusieurs individus qu'il s'agissait d'une histoire vraie (comme Cannibal Holocaust deux décennies auparavant)! On rajoute à tout cela une technologie - le matériel vidéo retrouvé, cette façon de toujours tout tourner avec une caméra qui a la tremblote et qui participe à l'action - qui est encore à la mode aujourd'hui et on obtient un véritable film culte.
Ce ne sera cependant pas le cas de Blair Witch qui est un autre remake déguisé en suite. Eh oui, comme les derniers récents Jurassic World et Star Wars: The Force Awakens. Même si on suit cette fois le frère d'une des filles disparues et ses amis qui arpentent à nouveau ce bois maléfique, un sentiment de déjà-vu en émane. La construction dramatique est la même tout comme la conclusion. Les acteurs moins énervants possèdent peut-être plus de talent, sauf qu'on les a déjà vus ailleurs à la télévision et au cinéma, ce qui empêche une identification immédiate. Au moins, les personnages féminins sont plus développés que leur pendant masculin, 2016 oblige.
La première partie tarde à se mettre en branle et l'apport de nouvelles technologies comme ce drone qui explore la forêt maudite ne captive que parcimonieusement. Il faudra attendre à mi-chemin du récit pour y trouver son compte. C'est là que l'humour se taille enfin la part du lion et que le scénario propose quelques variations surprenantes. La tension jusque-là inexistante prend forme et elle atteint son paroxysme lorsque les survivants pénètrent dans une vieille maison délabrée. L'exercice se transforme alors en une sorte de Resident Evil (le jeu vidéo, celui avec Némésis) haletant à souhait, où la mise en scène réfléchie sert finalement à quelque chose.
Il fallait pourtant s'attendre à plus du cinéaste Adam Wingard et de son fidèle scénariste Simon Barrett. Le duo a toujours transgressé les genres auxquels ils s'attaquent. Ils ont insufflé une folie sardonique à l'inégal You're Next tout en jouant avec la satire jouissive sur leur savoureux The Guest. On les sent cependant contraints derrière cette peinture à numéros, avec une application qui manque clairement de folie, de magie et d'audace.
Il est évident qu'après l'horrible suite Book of Shadows de 2000, Blair Witch est un retour aux sources salutaire. Il n'y a pourtant rien de bien transcendant. La mythologie en place n'est nullement renforcée et les rares épisodes de frousse ne proviennent plus de la peur du noir ou de l'inconnu, mais de sursauts gratuits et prévisibles. À quoi bon refaire presque exactement le même film si ce n'est pas pour l'amener dans une nouvelle direction? Personne n'a appris de l'erreur de Gus Van Sant et de sa reprise totalement inutile de Psycho? Il semble bien que non.