Les amateurs de Kung Fu Panda seront comblés. Le troisième épisode vient à peine de sortir qu'il pourrait bien y avoir - s'il faut en croire DreamWorks - pas moins de trois nouvelles aventures dans les prochaines années. Il faut évidemment que le dernier né fonctionne aux guichets et le contraire serait surprenant.
Sur un simple plan technique, Kung Fu Panda 3 qui est produit par Guillermo del Toro est une des animations les plus magnifiques à voir le jour depuis des lustres. Les décors sont époustouflants, remplissant l'écran de couleurs et de formes à l'aide d'un montage fragmenté que n'aurait pas renié Brian De Palma. Le mélange de dessins 2D et 3D est parfaitement au point, respectant le somptueux univers chinois tout en se permettant d'originales digressions fantaisistes. Et pour une rare fois, l'utilisation des lunettes est plus que souhaitable: les effets de profondeur étant nombreux et toujours réussis. Il faut pratiquement remonter au mésestimé Legend of the Guardians: The Owls of Ga'Hoole pour retrouver un aussi beau rendu dans un film pour enfants.
Jennifer Yuh Nelson est de retour à la réalisation après les brios encore inégalés de Kung Fu Panda 2 et, secondée par Alessandro Carloni, elle offre une oeuvre rythmée et dynamique, avec très peu de temps morts et d'égarement. Les combats sont spectaculaires et ils ne durent pas trop longtemps, permettant ainsi à l'histoire d'avancer, aux personnages de se regrouper et aux drames d'apparaître. Le sympathique panda Po est bien entendu au centre des enjeux et il doit affronter un méchant buffle qui s'amuse à voler les pouvoirs des maîtres du kung-fu.
Le ton a toutefois été adouci, s'adressant à un plus jeune auditoire que les précédents tomes avec des touches d'humour poussives qui risquent de lasser un public plus âgé. L'intrigue apparaît également davantage moralisatrice, rappelant encore et toujours les vertus de la persévérance et du travail d'équipe. Des leçons de vie appuyées qui dégoulinent de partout lors d'une finale d'une mièvrerie consternante. Déjà qu'il fallait accepter cette façon de manipuler l'émotion en faisant apparaître comme par magie le père biologique de Po, ce sentimentalisme à deux sous se veut superflu.
Les personnages n'ont pas beaucoup d'espace pour évoluer. Les "Cinq cyclones" ne servent à rien et le diabolique Kai s'avère plus intéressant que tous les gentils de la planète. Cette impossibilité de se renouveler est au coeur d'une série comme Kung Fu Panda et elle se retrouve également dans les Ice Age, Madagascar et autres How to Train Your Dragon. Une fois passée l'action enlevante, les rires et la superbe animation, il ne reste presque rien. Il n'y a pas la profondeur d'un Studio Ghibli ou l'émerveillement d'un Pixar. Le désir de revivre l'expérience, aussi satisfaisante soit-elle, est bas, ce qui n'est jamais souhaitable pour un film pour enfants.
Cela n'enlève rien aux grandes qualités de Kung Fu Panda 3, qui est esthétiquement d'une grande virtuosité. On aurait seulement aimé plus de coeur et de magie qui aurait rendu le tout vraiment inoubliable.