À trop étirer la sauce, on gâche tout. Combien de films ont été ternis par une suite pas rapport ou bâclés par un remake quelconque? Beaucoup. Cela arrive généralement lorsque le second tome est inopérant. En continuant de croire que l'original était si spécial et magique, le désir est fort de revenir aux sources et d'offrir un antépisode. Sauf que les prequels ne fonctionnent jamais. Ils ne font que détruire les bons souvenirs que l'on pouvait avoir. C'était le cas de The Ring, Cube et maintenant Insidious.
Impossible d'oublier la frousse que provoquait le premier Insidious. Une histoire de possession simple et extrêmement efficace qui présentait des personnages attachants et un monde parallèle inquiétant où rôdent les esprits. Déjà le second effort tournait en rond et il s'avérait plus ridicule qu'autre chose. La redite s'affiche rapidement dans ce troisième tour de piste où l'on retrouve également la médium Elise (Lin Shaye) et les deux chasseurs de fantômes incompétents (Angus Sampson et Leigh Whannell). Ils tenteront d'aider une adolescente apeurée (Stefanie Scott) qui se fait de plus en plus aspirer par une présence de l'ombre.
Cette prémisse qui prend une longue demi-heure à se mettre en place ne surprendra nullement les abonnés de Poltergeist, The Conjuring et The Last Exorcism. Les clichés sont répétés et pratiquement dans le même ordre. Occupé sur Furious 7, James Wan a laissé sa place derrière la caméra à Leigh Whannell qui scénarise le tout depuis les débuts et le résultat n'est pas particulièrement heureux. Il essaye d'étoffer la psychologie des êtres humains sans convaincre totalement. Incapable de créer le moindre frisson, le réalisateur tente de fabriquer du suspense et de la tension en menaçant plus souvent qu'autrement la vie de notre médium qui voit des âmes troubles partout. Sauf qu'elle se retrouve dans le premier et le second long métrage de la série qui se déroule après celui-ci: il ne peut donc strictement rien lui arriver.
La mise en scène impersonnelle est ponctuée de flashs et d'emprunts qui ne mènent à rien. La mythologie de l'autre monde répète au lieu d'innover et c'est bien dommage. À force de déambuler dans de longs corridors bleus et rouges qui évoquent Twin Peaks, on se plaît à penser à ce que David Lynch aurait fait avec cette matière première. Et une fois handicapée, notre héroïne n'a certainement pas l'étoffe et le charisme de James Stewart dans Rear Window. Au contraire, elle passe son temps à hurler et ce qui lui arrive, sadiquement, fait plus rire qu'autre chose.
Presque une insulte au Insidious original, ce troisième chapitre rappelle que les bonnes idées sont rares et qu'il faut innover pour se démarquer. William Friedkin y est arrivé avec son classique The Exorcist et ce filon attend seulement d'être exploité. Si Hollywood en est incapable, il est toujours possible de demander aux maîtres du genre comme Kiyoshi Kurosawa qui donne froid dans le dos depuis près de 20 ans avec ses Cure et autres Retribution, ou de s'abreuver à des sources moins communes telles l'excellent long métrage allemand Requiem. Tout sauf ce hoquet permanent qui a trop longtemps duré.