Les films sur les professeurs sont pratiquement un genre en soi. Il y a les références qui peuvent être inspirantes (Dead Poets Society) et prenantes (The Browning Version), élevant du coup les cinéphiles. Puis il y a les longs métrages qui s'adressent plutôt aux bas instincts des spectateurs, que ce soit l'horrible The Substitute et ses suites inutiles ou encore l'insignifiant Fist Fight. Il n'y a aucun mal à rire et à se divertir, à condition seulement que la production remplisse ses promesses, même les plus modestes.
C'est loin d'être le cas de cette création moribonde qui se déroule la dernière journée scolaire dans une école qui est loin d'être recommandable. Lorsqu'un enseignant peu respecté (Charlie Day) se met à dos un collègue autoritaire (Ice Cube), il risque d'y avoir un combat après la classe pour régler le différend.
Tout n'est qu'un jeu simpliste de contrastes : le gentil contre le méchant, le Blanc versus le Noir, celui qui a baissé les bras contrairement à son collègue engagé, etc. Une formule éprouvée qui est appliquée paresseusement au détour d'un scénario sans saveur, écrit par ceux qui préparent l'adaptation cinématographique du mythique jeu vidéo Sonic the Hedgehog de Sega. Le squelette du récit est le même que celui de Three O'Clock High, cette joyeuse satire oubliée de 1987, et tous les gags tournent autour de pénis, de masturbation et de drogue. Si au moins ces incessantes répétitions s'avéraient comiques.
Ce n'est pas tant la vulgarité du propos qui offense que la profonde incompétence de l'ensemble, incapable d'y aller à fond la caisse. Par endroit, on se sent devant un dérivé de l'oeuvre culte Animal House et c'est libératoire tant le chaos s'empare de l'école. Sauf que cela ne dure que quelques secondes. Le reste du temps, on se soucie plutôt de donner un sens dramatique à cette farce qui n'en a justement pas besoin. Il faut bien sauver le système scolaire qui s'enlise dans la médiocrité et rapprocher le pauvre héros de sa fille. Une quête de profondeur incroyablement mesquine, au même titre que ce placement de produit d'ordinateur qui doit bien durer cinq minutes.
Afin de mieux faire avaler la pilule, le cinéaste Richie Keen a décidé d'employer un rythme rapide qui ne se relâche presque jamais. Cela ne cache en aucun cas les nombreux défauts de l'ouvrage, surtout que sa première réalisation pour le cinéma est dénuée de personnalité. On repassera également sur ses piètres talents de directeur d'acteurs. Les comédiens sont laissés à eux-mêmes, à commencer par Ice Cube qui jappe autant que dans ses 150 derniers rôles. C'est tout de même plus supportable que Charlie Day qui fait des tonnes de grimaces. Le reste du casting comporte des interprètes enjoués - Jillian Bell, Tracy Morgan, Christina Hendricks - qui n'apparaissent pas suffisamment pour laisser leur marque. Au moins il y a un cheval qui a vraiment le sens du punch.
C'est anormal qu'il y ait plus de matière cocasse dans une sitcom non renouvelée de 22 minutes qu'au sein de ce long métrage de 92 minutes. Et ce ne sont pas les éternelles scènes ratées qui apparaissent pendant le générique de fin qui renverseront la vapeur. On rajoutera donc Fist Fight à ce répertoire de films d'écoles et d'enseignants - qui se rappelle encore de High School High? - qui essayent tellement d'être drôles et de choquer qu'ils en deviennent vains.