En 2012 sortait un petit film qui a rencontré un succès fou. Réalisé au coût de 10 millions de dollars, The Best Exotic Marigold Hotel allait en rapporter plus de 135. Pas mal pour une oeuvre complètement inoffensive remplie de vedettes. Il n'était donc pas surprenant qu'une suite voie le jour plus tôt que tard pour profiter de cette poule aux oeufs d'or.
Simplement nommé The Second Best Exotic Marigold Hotel (un des pires titres de l'histoire, ce qui inclut d'emblée que ce tome est moins bon que le précédent), cette nouvelle aventure ramène tout le monde en Inde, alors que le représentant (Dev Patel) de l'hôtel en question cherche à développer une franchise. Pendant ce temps, les occupants à la retraite sont accaparés par leurs problèmes domestiques: un "je t'aime" qui est difficile à dire, de l'ennui et des infidélités dans le couple, des triangles amoureux, une famille qui n'est pas au beau fixe et un désir de prouver que même si on se fait appeler "fossile', on est toujours utile aux autres et à la société.
Déjà là, le sentiment de redite est fort. Ce sont les mêmes thèmes que le volet d'introduction. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil, si ce n'est cette légèreté qui s'est évaporée. Du coup, on se fait davantage happer par les morales et les bons sentiments, les leçons de vie gluantes et le sentimentalisme de bas étage. À force de vouloir émouvoir vainement, l'effort n'en devient que plus dérisoire.
Sans doute que les comédiens s'amusent forts. Sauf qu'ils le font plus que le spectateur, ce qui est toujours étrange. Réunir Judi Dench, Maggie Smith, Bill Nighy, Ronald Pickup, Celia Imrie et le "jeunot" Richard Gere ne peut donner quelque chose de banal. Il faut pourtant leur offrir quelque chose à se mettre sous la dent. Ici, ils en font des tonnes pour pas grand-chose, essayant de soutirer un peu de vie à des personnages unidimensionnels. Ça ne fonctionne presque jamais et c'est bien dommage.
Il ne faut pas compter sur le cinéaste John Madden pour pimenter la sauce. Le metteur en scène anglais a déjà été compétent, à l'époque du surestimé Shakespeare in Love et The Debt. Ça semble cependant faire une éternité et demie. Maintenant, c'est le style du téléfilm qui prévaut, avec cette réalisation sans risque ni âme. Bénéficier de beaux paysages est un atout de taille. Il faut pourtant savoir s'en servir. C'est ce qui fait toute la différence entre une production luxueuse de Merchant-Ivory et celle-ci, qui n'est qu'une soporifique carte postale achetée dans un magasin d'attrape-touristes.
Un peu d'audace, c'est surtout ce qui manque au menu. Il y en avait dans les recoins de cette histoire qui suit tout de même un homme qui paye pour tuer sa femme et un charmant Dev Patel qui met pratiquement son mariage prochain en péril pour s'occuper du charismatique Richard Gere. Des sous-entendus qui ne sont jamais exploités, de peur de froisser un public cible formaté qui en a vu d'autres. À force de tout traiter avec un grain de sel en niant plus souvent qu'autrement la gravité de la vieillesse, The Second Best Exotic Marigold Hotel en devient une simple version édulcorée de la vie de tous les jours, qui n'est même pas bon à donner le goût de voyager et de continuer à rêver.