Central Intelligence n'est pas un grand film ni même un bon film. Il s'agit d'une autre comédie d'action qui célèbre les vertus de l'amitié, la camaraderie, la fraternité et la testostérone. C'est mieux que tous les Ride Along de la planète, mais en dessous des rigolos The Other Guys, 21 Jump Street et sa suite.
Qu'est-ce qui en fait alors une oeuvre intéressante à ses heures et presque fascinante? Ses acteurs. Pourtant, ce ne sont que Dwayne Johnson et Kevin Hart. Deux comédiens qui doivent jouer dans une demi-douzaine de longs métrages à chaque année et que l'on pense connaître par coeur. À tort, évidemment.
Depuis quelque temps, celui qui se faisait appeler The Rock semble vouloir se réinventer en troquant les productions musclées pour celles qui sont plus humoristiques. Non en désirant rejoindre un public enfantin (The Game Plan et surtout Tooth Fairy étaient extrêmement mauvais), mais en demeurant dans un registre adolescent et adulte. Déjà dans la satire mal foutue Pain and Gain de Michael Bay, il mettait son ego en danger et c'est ce qu'il fait à nouveau ici. Avec beaucoup plus de succès. Dwayne Johnson n'aura jamais été aussi drôle, nageant comme un poisson dans l'eau en agent de la CIA au charisme d'enfer.
Son duo est d'ailleurs étincelant avec Kevin Hart, le Eddie Murphy ou Chris Rock du 21e siècle. Cet interprète tonitruant et verbomoteur peut rapidement énerver dans sa façon de toujours trop en faire. Le voilà à contre-emploi, étant la victime des circonstances au lieu du bourreau. Une métamorphose salvatrice à défaut d'être très originale, qui lui permet d'exploiter une autre facette de son talent.
Ces partenaires extravagants qui ne sont pas à un contraste près (le géant et le lilliputien, monsieur muscles et l'homme flasque, etc.) méritaient un meilleur sort que Central Intelligence. Ce divertissement très léger et oubliable s'avère extrêmement inégal, alternant trop rapidement moments de purs délires et d'autres qui tombent complètement à plat. Le script peu étoffé et plein de clichés s'apparente à des sketchs éparpillés. Il y a bien des caméos savoureux et des clins d'oeil jouissifs au septième art, sauf qu'ils sont insuffisants pour donner une quelconque direction au récit. Les dialogues sont trop souvent risibles et même si on se retrouve devant une satire, la leçon de tolérance et les discours sur l'intimidation demeurent lourds et appuyés.
Pouvait-on s'attendre à autre chose d'un effort réalisé et en partie scénarisé par Rawson Marshall Thurber? Son DodgeBall: A True Underdog Story avec Vince Vaughn et Ben Stiller était bien sympathique. Mais c'était en 2004. Depuis, il y a eu l'ennuyant The Mysteries of Pittsburgh et l'horripilant We're the Millers. Sa mise en scène a beau être énergique, il ne sait pas comment tourner des scènes d'action ou faire passer son rythme à une vitesse supérieure.
Central Intelligence devient donc une carte de visite pour Dwayne Johnson et Kevin Hart qui possèdent une chimie du tonnerre et qui excellent dans des rôles comiques un peu différents. Peut-être que cela va attirer le regard de cinéastes plus talentueux qui seront capables de leur offrir des aventures dignes d'eux.